À un ermite un soir d’automne de Wei Yingwu​

qiu ye ji qiu yuan wai
Je pense à vous ce soir d’automne,
En me promenant, j’entonne.
Les pommes de pin sont tombées,
Vous devez l’entendre éveillé.

Poème chinois

「秋夜寄邱员外」
怀君属秋夜,散步咏凉天。
空山松子落,幽人应未眠。

韦应物

Explication du poème

Composé lors d'une nuit automnale alors que Wei Yingwu exerçait ses fonctions officielles, ce poème exprime la nostalgie éprouvée pour son ami Qiu Dan (dit "Maître Qiu") retiré dans les montagnes. Par une description dépouillée de scènes nocturnes, le poète tisse un lien invisible entre deux cœurs unis par la même mélancolie saisonnière. Touché par ces vers, Qiu Dan répondit par un poème en écho, témoignant de leur profonde amitié.

Premier couplet : « 怀君属秋夜,散步咏凉天。 »
Huái jūn shǔ qiū yè, sànbù yǒng liáng tiān.
Je pense à toi en cette nuit d'automne,
Me promenant seul, chantant la fraîcheur du ciel.

L'expression huái jūn ("penser à toi") établit le ton élégiaque, tandis que qiū yè ("nuit d'automne") crée une atmosphère de solitude contemplative. Les verbes sànbù ("se promener") et yǒng ("chanter") traduisent une communion intime avec la nuit, où la marche et la poésie deviennent exutoire à la nostalgie.

Deuxième couplet : « 空山松子落,幽人应未眠。 »
Kōng shān sōngzǐ luò, yōu rén yīng wèi mián.
Dans la montagne vide, les pignons tombent,
Toi, l'ermite, dois veiller encore.

Le poète projette sa pensée vers le lieu de retraite de l'ami. Le bruit des sōngzǐ (pignons de pin) tombant dans le silence (kōng shān) devient une métaphore des heures s'écoulant. La supposition yīng wèi mián ("doit veiller encore") révèle une intuition affective, créant un dialogue imaginaire entre deux insomnies complices.

Appréciation générale

En quatre vers seulement, le poème réalise une fusion parfaite entre paysage et émotion. Les deux premiers vers, ancrés dans l'expérience immédiate, décrivent la promenade nocturne et le chant mélancolique. Les deux suivants, projetés dans l'imaginaire, transportent le lecteur vers la montagne où l'ami veille. Ce mouvement du concret vers l'abstrait, du proche vers le lointain, donne à ce petit poème une ampleur spatiale et émotionnelle remarquable. L'art suprême réside dans l'expression implicite : aucune plainte directe, mais chaque mot chargé d'un sentiment qui continue de résonner après la lecture.

Caractéristiques stylistiques

D'une apparente simplicité, ce poème révèle une construction subtile. L'image des sōngzǐ luò (pignons tombant) dans la kōng shān (montagne vide) - à la fois concrète et symbolique - évoque avec économie l'écoulement du temps et l'isolement. La supposition yōu rén yīng wèi mián ("l'ermite doit veiller") donne voix à l'absent, créant un effet de présence paradoxale. Ce jeu entre réel et imaginaire, entre proximité et distance, exprime une profondeur affective sous une surface limpide, caractéristique du meilleur lyrisme des Tang.

Éclairages

Ce petit poème nous enseigne que l'amitié véritable transcende l'éloignement physique pour s'établir dans une communion spirituelle. Dans le tumulte des affaires mondaines, posséder un ami avec qui partager ces pensées silencieuses constitue un réconfort inestimable. Par ailleurs, la méthode de Wei Yingwu - exprimer l'émotion par des paysages épurés, traduire la nostalgie par le calme - offre un modèle artistique intemporel pour évoquer l'amitié et le regret. À l'ère numérique où les communications sont incessantes mais souvent superficielles, cette poésie du silence partagé garde toute sa puissance émotive.

Traducteur de poésie

Xu Yuanchong(许渊冲)

À propos du poète

Wei Ying-wu

Wei Yingwu (韦应物), vers 737 - 786 après J.-C., était originaire de Xi'an. Wei Yingwu était un jeune homme chevaleresque et sans tabou. Ses poèmes s'intéressaient au sort du peuple, exprimaient son indignation contre l'époque, décrivaient des scènes idylliques, etc. Son langage était simple et léger, son style était beau et clair, et il était surtout célèbre pour ses descriptions de scènes idylliques.

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