N’écoute pas la pluie battre les feuilles!
Pourquoi ne pas chanter et aller où je veuille?
Je préfère au cheval canne et sandales légères;
Je ne me soucie guère
D’aller par la brume et la bruine
Sous un manteau de palme fine.
Je frissonne quand une fraîche brise
De printemps me dégrise.
Devant moi le soleil me sourit, qui décline
Au-dessus des collines.
Regardant en arrière, je trouve la piste
Devenue triste.
Va en avant
Sans craindre soleil ou vent!
Poème chinois
「定风波 · 莫听穿林打叶声」
苏轼
莫听穿林打叶声,何妨吟啸且徐行。
竹杖芒鞋轻胜马,谁怕?一蓑烟雨任平生。
料峭春风吹酒醒,微冷,山头斜照却相迎。
回首向来萧瑟处,归去,也无风雨也无晴。
Explication du poème
Ce poème fut composé par Su Shi durant sa troisième année d'exil à Huangzhou, dépeignant une rencontre soudaine avec la pluie lors d'un retour en état d'ivresse. À travers l'image d'un homme chantant et marchant calmement sous l'averse, le poète exprime une attitude philosophique face à l'adversité, révélant une transcendance spirituelle qui défie les tempêtes de la vie.
Première strophe : « 莫听穿林打叶声,何妨吟啸且徐行。竹杖芒鞋轻胜马,谁怕?一蓑烟雨任平生。 »
Mò tīng chuān lín dǎ yè shēng, hé fáng yín xiào qiě xú xíng. Zhú zhàng máng xié qīng shèng mǎ, shuí pà? Yī suō yān yǔ rèn píngshēng.
N'écoutez pas la pluie fouetter les feuilles dans les bois, Chantons à pleine voix et avançons sans hâte. Bâton de bambou et sandales de paille - plus légers qu'un cheval, Qui craint ? Une cape de pluie suffit pour traverser l'existence.
Ces vers dépeignent un voyageur ivre, serein face aux éléments. Les images simples ("bâton de bambou", "sandales de paille") symbolisent une élégance dépouillée. La "cape de pluie" devient métaphore d'une vie acceptée dans sa totalité - expression ultime de la philosophie de Su Shi, mélange de résilience et d'abandon taoïste au flux de l'existence.
Seconde strophe : « 料峭春风吹酒醒,微冷,山头斜照却相迎。回首向来萧瑟处,归去,也无风雨也无晴。 »
Liàoqiào chūn fēng chuī jiǔ xǐng, wēi lěng, shān tóu xié zhào què xiāng yíng. Huí shǒu xiàng lái xiāosè chù, guī qù, yě wú fēngyǔ yě wú qíng.
La bise printanière dissipe mon ivresse - un frisson, Mais le soleil déclinant m'accueille sur la crête. Me retournant vers les sentiers balayés par la pluie, Je rentre : plus de tempête, plus de ciel clair.
Ici, le réveil sobre apporte une illumination : le contraste froid/chaud, ombre/lumière reflète les vicissitudes de la vie. La réalisation finale ("plus de tempête, plus de ciel clair") atteint une profondeur bouddhiste - la dissolution des dualités, une paix transcendante au-delà des phénomènes changeants.
Lecture globale
D'un ton vif et libéré, ce poème transforme une averse en parabole existentielle. La première strophe, ivre et insouciante, montre la sérénité dans l'adversité ; la seconde, éveillée et lucide, atteint l'éveil spirituel. Comme une peinture à l'encre, le poème unit mouvement et quiétude, révélant une sagesse qui éclaire l'esprit.
Spécificités stylistiques
- Langage naturel : Interjections comme "Qui craint ?" créent une intimité conversationnelle
- Fusion paysage-philosophie : Les éléments naturels incarnent des vérités métaphysiques
- Structure dialectique : Ivresse/réveil, pluie/soleil - une progression vers l'illumination
- Symbolisme humble : Objets quotidiens (bâton, cape) chargés de sens universels
Éclairages
Ce poème enseigne l'art de traverser les tempêtes existentielles : sans plainte ni crainte, avec une sérénité joyeuse. "Une cape de pluie pour traverser l'existence" résume cette alchimie qui transforme l'adversité en liberté. Testament spirituel de Su Shi, il demeure un guide pour naviguer dans les tumultes de la vie avec grâce et profondeur.
Traducteur de poésie
Xu Yuanchong(许渊冲)
À propos du poète
Su Shi (苏轼), 1036 - 1101 après J.-C., originaire de la ville de Meishan, dans la province du Sichuan, était un écrivain talentueux de la dynastie des Song du Nord. Il était très doué pour la poésie, la prose et la fugue.