Passage à Suzhou de Su Shunqin

guo su zhou
La vue hors de la porte d'Est frappe les yeux
Quand il fait beau peu après qu’il était pluvieux.
Les saules comme les aigrettes sont joyeux;
Les monts au loin me semblent des eaux amoureux.
Le ciel ordonne toutes choses sur la terre;
On ne doit pas se soucier de douleur légère.
Que puis-je faire de la beauté passagère?
A la brune doit partir mon bateau solitaire.

Poème chinois

「过苏州」
东出盘门刮眼明,萧萧疏雨更阴晴。
绿杨白鹭俱自得,近水远山皆有情。
万物盛衰天意在,一身羁苦俗人轻。
无穷好景无缘住,旅棹区区暮亦行。

苏舜钦

Explication du poème

Ce poème fut composé par Su Shunqin durant une période d'exil politique dans le Sud de la Chine. En passant par Suzhou, célèbre ville du Jiangnan, le poète, ému par la beauté du paysage, y projeta ses sentiments. L'œuvre exprime à la fois une admiration passionnée pour les paysages de Suzhou et une réflexion mélancolique sur sa propre condition, révélant la solitude du voyageur ainsi qu'une sereine résignation.

Premier couplet : « 东出盘门刮眼明,萧萧疏雨更阴晴。 »
Dōng chū pán mén guā yǎn míng, xiāoxiāo shū yǔ gèng yīnqíng.
À l'est de Panmen, un paysage d'une clarté éblouissante,
Une bruine légère alterne ombre et lumière.

L'expression "clarté éblouissante" (刮眼明) frappe par son originalité et sa vivacité. "Alterne ombre et lumière" (更阴晴) saisit la mutabilité du climat du Jiangnan, entrelaçant pluie et soleil pour peindre le charme printanier de cette région aquatique.

Deuxième couplet : « 绿杨白鹭俱自得,近水远山皆有情。 »
Lǜ yáng bái lù jù zìdé, jìn shuǐ yuǎn shān jiē yǒuqíng.
Les saules verts et les aigrettes blanches, tous insouciants ;
Les eaux proches et les monts lointains, tous emplis de sentiment.

Ce couplet dépeint la vitalité et la beauté émotionnelle de la nature. Son parallélisme rigoureux et ses images lumineuses réalisent l'idéal de "peinture dans la poésie", tout en exprimant l'aspiration du poète à l'harmonie naturelle et à la liberté.

Troisième couplet : « 万物盛衰天意在,一身羁苦俗人轻。 »
Wànwù shèngshuāi tiānyì zài, yīshēn jī kǔ sú rén qīng.
La prospérité et le déclin des choses dépendent du Ciel,
Mais l'amertume de l'exilé est méprisée des hommes vulgaires.

Transition des paysages extérieurs à l'introspection, ce couplet révèle un poète en exil méditant sur les caprices du destin et la froideur du monde, affichant une certaine hauteur face aux jugements mondains.

Quatrième couplet : « 无穷好景无缘住,旅棹区区暮亦行。 »
Wúqióng hǎo jǐng wú yuán zhù, lǚ zhào qūqū mù yì xíng.
Paysages infinis qu'il me faut quitter,
Ma modeste barque voyageuse avance encore au crépuscule.

Conclusion mélancolique : bien qu'épris des paysages printaniers de Suzhou, le poète doit poursuivre son périple à la tombée du jour. Cette réticence à partir exprime toute l'amertume de l'exil et la douce tristesse de l'adieu aux beautés naturelles.

Lecture globale

Ce poème prend pour point de départ le paysage printanier du Jiangnan, fusionnant nature et existence humaine en un tout organique. L'ouverture dépeint la luminosité des environs de la porte Pan, où après une fine pluie, lumière et ombre s'entrelacent, révélant toute la vivacité du paysage aquatique du Sud ; puis saules verts et aigrettes blanches, eaux et montagnes en miroir esquissent un tableau printanier débordant de vie. La partie médiane, passant du paysage au sentiment, exprime l'amertume de l'errance du poète et la douleur des préjugés mondains ; le distique final, sur le thème des adieux, entrelace l'amour pour la beauté scénique et la résignation face au voyage de la vie, révélant une profonde émotion sous des dehors réservés. Le poème tout entier montre une interaction entre scène et sentiment, un mariage de mouvement et de quiétude, dans un langage à la fois frais et élégant, d'un ton clair et serein.

Spécificités stylistiques

Ce poème excelle dans une structure classique fluide (introduction-développement-tournant-conclusion). Le premier distique saisit par son image frappante, l'expression "éblouissement visuel" étant particulièrement vivante et visuelle. Les distiques centraux, d'un parallélisme raffiné, fusionnent peinture et lyrisme, illustrant parfaitement le concept de "peinture dans la poésie". Le distique final conclut sur une note discursive, un peu directe peut-être, mais qui renforce la tension émotionnelle. Le langage, ordinaire en apparence mais extraordinaire dans son effet, simple mais naturellement sublime, manifeste l'équilibre caractéristique de Su Shunqin entre "intérêt philosophique" et "intention paysagère".

Éclairages

Ce poème nous enseigne que si les beaux paysages sont à portée de main, les vicissitudes humaines et les caprices du destin nous en privent souvent. Face à la splendeur de la nature et à la brièveté de la vie, nous devrions cultiver un esprit de gratitude, accepter sereinement l'impermanence des choses, et préserver au cœur des épreuves une âme poétique capable d'apprécier la beauté. Bien qu'agité par les voyages, le poète conserve perspicacité et détachement ; cette sagesse qui puise réconfort dans la beauté naturelle est précisément cette forme de sagesse pratique dont la vie a besoin.

Traducteur de poésie

Xu Yuanchong(许渊冲)

À propos du poète

Su Shunqin (苏舜钦, 1008 - 1048), originaire de Zhongjiang dans le Sichuan, poète des Song du Nord. Reçu docteur des lettres en 1034, sa poésie vigoureuse et expansive lui valut d'être associé à Mei Yaochen sous l'appellation "Su-Mei". Pionnier de la réforme poétique, figure clé de la transition littéraire des Song, il ouvrit la voie aux styles ultérieurs de Wang Anshi et Su Shi.

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