Branches de Bambou 9/9 de Liu Yuxi

zhu zhi ci · shan shang ceng ceng tao li hua
Le mont étale fleurs sur fleurs de pêcher beau,
La fumée de foyer s’élève jusqu aux nues.
La femme bien vetue descend tirer de l’eau,
Faucille en main, les paysans viennent en vue.

Poème chinois

「竹枝词 · 山上层层桃李花」
山上层层桃李花,云间烟火是人家。
银钏金钗来负水,长刀短笠去烧畲。

刘禹锡

Explication du poème

Composé en 822 sous le règne de l'empereur Muzong des Tang, ce poème appartient à une série de neuf "Chants des branches de bambou" que Liu Yuxi écrivit alors qu'il était gouverneur de Kuizhou. Inspiré par les chants populaires du Sichuan oriental, l'œuvre dépeint avec vivacité les mœurs locales, les paysages et les histoires d'amour de cette région. Ce neuvième poème de la série capture particulièrement le labeur quotidien des villageois des montagnes du Badong, offrant une peinture ethnographique d'une grande authenticité.

Premier couplet : « 山上层层桃李花,云间烟火是人家。 »
Shān shàng céng céng táo lǐ huā, yún jiān yān huǒ shì rén jiā.
Sur les pentes, pruniers et pêchers en étages fleuris,
Dans les nuages, fumées domestiques signalent les hameaux.

Le poète ouvre sur une vision panoramique des montagnes au printemps. La répétition de "céng" (couches) souligne l'abondance des floraisons étagées selon l'altitude. La "fumée domestique" émergeant des nuages crée un contraste poétique entre le naturel et l'humain, révélant comment les habitants se sont harmonieusement intégrés à ce paysage sublime. Cette strophe établit un dialogue silencieux entre la magnificence naturelle et la présence humaine.

Deuxième couplet : « 银钏金钗来负水,长刀短笠去烧畲。 »
Yín chuàn jīn chāi lái fù shuǐ, cháng dāo duǎn lì qù shāo shē.
Bracelets d'argent et épingles dorées vont puiser l'eau,
Longs couteaux et chapeaux plats partent défricher par le feu.

Liu Yuxi zoome ici sur les activités quotidiennes. La métonymie "bracelets/épingles" pour les femmes et "couteaux/chapeaux" pour les hommes peint en deux traits les rôles genrés traditionnels. Le parallélisme rigoureux et les antithèses (argent/or - long/court) créent un rythme visuel évoquant la cadence du travail paysan. Ces images concrètes ancrées dans le réel témoignent de l'observation minutieuse du poète-gouverneur.

Lecture globale

Bien que bref - quatre vers seulement - ce poème réalise une fusion parfaite entre émotion et paysage, se déployant comme une peinture en quatre tableaux de la vie montagnarde. Les deux premiers vers offrent une perspective lointaine : collines fleuries de printemps, brumes enveloppantes, avec au loin les fumées des foyers domestiques. Les deux derniers vers, en revanche, nous plongent dans un plan rapproché : la scène laborieuse des villageois s'anime sous nos yeux. Le poète ne célèbre pas explicitement la beauté de l'existence, mais en dépeignant l'harmonie entre nature et travail, il permet au lecteur d'éprouver la plénitude née de l'effort humain et l'authenticité d'une vie belle dans sa simplicité.

Le poème allie avec maestria qualités picturales et vivacité quotidienne. Les images des "bracelets d'argent et épingles dorées", des "longs couteaux et chapeaux plats" ne se contentent pas de camper le portrait des villageois - elles imprègnent l'œuvre des couleurs locales spécifiques à Kuizhou, révélant l'existence ardente et autosuffisante des montagnards de cette région. Chaque détail vestimentaire ou outil devient le symbole d'une culture montagnarde préservée dans sa vitalité première.

Spécificités stylistiques

  1. Réalisme ethnographique : Détails vestimentaires et outils précis documentent les coutumes locales
  2. Rythme ternaire : Structure 2-2-3 des sinogrammes reproduit le balancement des porteurs d'eau
  3. Chiasme visuel : Alternance verticale (fleurs en hauteur/fumée ascendante) et horizontale (allers-retours des travailleurs)
  4. Palette sensorielle : Blanc des fleurs, or des bijoux, argent des outils créent une chromographie montagnarde

Éclairages

Ce poème transcende sa fonction descriptive pour offrir une méditation sur la condition humaine. Il rappelle que la véritable poésie réside souvent dans les gestes les plus quotidiens - puiser l'eau, défricher la terre. Dans notre ère d'urbanisation accélérée, cette œuvre nous invite à redécouvrir la dignité et la beauté intrinsèque du travail manuel en symbiose avec les cycles naturels. Liu Yuxi, magistrat lettré, trouve dans ces scènes rurales une authenticité que ne saurait offrir la vie officielle.

Traducteur de poésie

Xu Yuanchong(许渊冲)

À propos du poète

liu yu xi

Liu Yuxi (刘禹锡), 772 - 842 A.D., was a native of Hebei. His poems are characterized by bright and lively language, loud and harmonious rhythms, and an eloquent and refreshing style, which was highly regarded by the people of the time, and he was known as the “诗豪”.

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