Adieu au Bord de la Rivière de Xu Hun

xie ting song bie
Ton bateau lève l'ancre après le chant d’adieu,
Parmi les monts verts de feuilles, sur le fleuve bleu.
A mon réveil, avec le couchant tu es loin,
Le ciel de vent et pluie voit la tour de chagrin.

Poème chinois

「谢亭送别」
劳歌一曲解行舟,红叶青山水急流。
日暮酒醒人已远,满天风雨下西楼。

许浑

Explication du poème

Ce poème d'adieu fut composé par Xu Hun après avoir quitté son ami au pavillon Xie de Xuancheng. À travers la description de la scène des adieux et des paysages environnants, le poète exprime ses sentiments de perte et de nostalgie. Les paysages et les émotions se reflètent mutuellement, progressant par couches successives, créant à la fois une forte imagerie visuelle et une profondeur émotionnelle.

Premier distique : « 劳歌一曲解行舟,红叶青山水急流。 »
Láo gē yī qǔ jiě xíng zhōu, hóng yè qīng shān shuǐ jí liú.
Un chant d'adieu entonné, la barque se détache - Montagnes vertes, feuilles rouges, le fleuve impétueux s'écoule.

L'ouverture saisit le moment précis du départ. Le "chant d'adieu" (劳歌), rituel traditionnel, instaure une solennité, tandis que "la barque se détache" souligne la soudaineté cruelle de la séparation. Le contraste chromatique entre le vert des montagnes et le rouge des feuilles crée une beauté vibrante qui, par son excès même, accentue la mélancolie - plus le paysage est éclatant, plus l'adieu est amer.

Second distique : « 日暮酒醒人已远,满天风雨下西楼。 »
Rì mù jiǔ xǐng rén yǐ yuǎn, mǎn tiān fēngyǔ xià xī lóu.
Au crépuscule, l'ivresse dissipée - tu es déjà lointain, Sous le ciel saturé de pluie et de vent, je descends seul le pavillon ouest.

Ces vers captent l'après-adieu dans une progression temporelle habile. Le réveil tardif du poète coïncide avec l'éloignement définitif de l'ami. La pluie et le vent, éléments classiques de la mélancolie chinoise, enveloppent la scène d'une tristesse cosmique. Le geste final - "descendre le pavillon" - condense en trois caractères toute la solitude de celui qui reste.

Lecture globale

En quatre vers seulement, Xu Hun tisse une triple progression : temporelle (du départ au crépuscule), spatiale (du fleuve au pavillon) et psychologique (de la solennité à la désolation). La gradation chromatique - du vert-rouge éclatant au gris pluvieux - épouse parfaitement l'évolution émotionnelle. Le poète maîtrise l'art de faire porter aux paysages le poids des sentiments, élevant une simple scène d'adieu à une méditation sur l'absence.

Spécificités stylistiques

Ce poème exemplifie l'art de la concision extrême. En vingt caractères seulement, Xu Hun construit un drame complet grâce à un jeu subtil de contrastes chromatiques (du chaud au froid) et de mouvements opposés (départ rapide/immobilité mélancolique). La superposition des temporalités - l'instant fugace du départ contre la durée infinie de l'absence - crée une tension poétique remarquable. Le symbolisme naturel (fleuve=temps qui fuit, pluie=larmes du ciel) s'y déploie avec une économie de moyens virtuose.

Éclairages

Ce poème révèle l'essence même de la poésie classique chinoise : l'art de suggérer l'indicible. Xu Hun ne nomme jamais sa tristesse, mais la rend palpable à travers le contraste entre la beauté du monde et la douleur humaine. La leçon est double : d'une part, la véritable émotion naît de ce qui n'est pas dit (l'absence de l'ami rend plus poignant le paysage surchargé) ; d'autre part, le temps poétique transforme un moment banal en expérience universelle. Ce court poème nous enseigne comment l'art peut transfigurer la souffrance personnelle en vérité partageable.

Traducteur de poésie

Xu Yuanchong(许渊冲)

À propos du poète

Xu Hun

Xu Hun (许浑), vers 791 - 858 après J.-C., était un poète de la dynastie Tang, originaire de Danyang, dans la province de Jiangsu. Il était l'un des poètes les plus influents de la fin de la dynastie Tang, et était connu pour ses poèmes nostalgiques et idylliques, dans lesquels il parlait de l'eau et de la pluie.

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