Le vent d’est léger amène une pluie légère;
A F étang des lotus on entend le tonnerre.
J’entre avec l’encens, la porte fermée la nuit;
Je sors à 1’ aube qu’on tire de l’eau au puits.
Elle tombe amoureuse à première vue brève ;
Il ne me reste qu’un oreiller plein de rêves.
Cœur, ne t’ouvre pas avec la fleur au printemps!
L’amour se change en cendres, en pleurs ou en sang.
Poème chinois
「无题四首 · 其二」
李商隐
讽讽东风细雨来,芙蓉塘外有轻雷。
金蟾啃锁烧香入,玉虎牵丝汲井回。
贾氏窥帘韩掾少,宽妃留枕魏王才。
春心莫共花争发,一寸棍思一寸灰。
Explication du poème
Ce poème, deuxième d'un cycle, déplace la perspective du premier où un homme songe à sa bien-aimée lointaine, pour se focaliser sur une femme recluse dans l'intimité de son gynécée. Confinée, incapable de rejoindre son amant comme promis, son cœur est déchiré entre désir et désillusion. À travers paysages naturels, détails domestiques et allusions littéraires, le poète dépeint sa captivité involontaire et l'effritement de ses espérances amoureuses.
Premier distique : « 飒飒东风细雨来,芙蓉塘外有轻雷。 »
Sà sà dōngfēng xì yǔ lái, fúróng táng wài yǒu qīng léi.
Le vent d'est murmure, une bruine légère tombe,
Au-delà de l'étang aux lotus, un lointain grondement.
Le "vent d'est printanier" et la "bruine" créent une atmosphère de renouveau teinté de mélancolie. Le "tonnerre léger" au loin symbolise une promesse inaccomplie - comme l'écho d'une passion qui ne s'épanouit pas, reflétant l'attente vaine de la femme.
Second distique : « 金蟾啮锁烧香入,玉虎牵丝汲井回。 »
Jīn chán niè suǒ shāo xiāng rù, yù hǔ qiān sī jí jǐng huí.
Le brûle-parfum en crapaud d'or garde ses chaînes,
La poulie en tigre de jade puise l'eau sans fin.
Ces objets domestiques - brûle-parfum cloîtré et poulie répétitive - deviennent des métaphores de sa vie monotone. La fumée d'encens qui s'échappe malgré tout évoque ses pensées amoureuses impossibles à contenir, tandis que le mouvement circulaire de la poulie symbolise l'éternel retour de sa solitude.
Troisième distique : « 贾氏窥帘韩掾少,宓妃留枕魏王才。 »
Jiǎ shì kuī lián Hán yuàn shào, Fú fēi liú zhěn Wèi wáng cái.
La Dame Jiǎ épiant le jeune Han à travers le rideau,
La Fée Fu laissant son oreille au Prince de Wei.
Ces allusions historiques (à la Dame Jiǎ séduite par la beauté de Han Shou, et à la déesse Fu Xi éprise du talent de Cao Zhi) contrastent cruellement avec la réalité de l'héroïne, condamnée à l'inaction amoureuse. Le poète souligne ainsi l'amertume de ses désirs réprimés.
Quatrième distique : « 春心莫共花争发,一寸相思一寸灰。 »
Chūn xīn mò gòng huā zhēng fā, yī cùn xiāngsī yī cùn huī.
Cœur printanier, ne rivalise pas avec les fleurs écloses,
Chaque pouce de nostalgie se consume en cendres.
L'avertissement désespéré - ne pas laisser son désir fleurir comme les bourgeons - culmine dans l'image fulgurante de l'amour se réduisant en cendres. Cette alchimie douloureuse transforme la passion en résignation tragique.
Analyse approfondie
Le poème construit une géographie sentimentale où l'espace extérieur (vent, étang, tonnerre) répond à l'enfermement intérieur (encens, poulie). Les allusions historiques servent de miroir grossissant à la frustration de l'héroïne, tandis que la conclusion saisissante - "chaque pouce de nostalgie en cendres" - opère une transmutation alchimique de l'émotion en image pure. Cette économie de moyens crée une tension poétique exceptionnelle.
Spécificités stylistiques
- Objets animés : Le brûle-parfum "enchaîné" et la poulie "infatigable" acquièrent une vie symbolique, devenant des personnages à part entière.
- Contrepoint historique : Les références à Jiǎ et Fú ne sont pas de simples ornements, mais des repoussoirs dramatiques.
- Alchimie verbale : Le distique final opère une véritable transmutation sémantique, transformant l'abstrait (相思) en concret (灰) par une équation poétique.
Éclairages
Au-delà du drame féminin, ce poème cristallise l'angoisse existentielle de Li Shangyin face aux entraves sociales. La chambre close devient une allégorie de la condition du lettré confucéen, partagé entre aspirations et contraintes hiérarchiques. La "cendre" finale n'est pas seulement résidu d'amour, mais aussi trace amère des idéaux réduits en poussière par la réalité. Cette œuvre dépasse ainsi le cadre de la poésie amoureuse pour toucher à l'universel.
Traducteur de poésie
Xu Yuanchong(许渊冲)
À propos du poète
Li Shangyin (李商隐), oriundo de la ciudad de Jiaozuo, provincia de Henan, 813 - 858 d. C., fue un joven en circunstancias extremadamente difíciles. En literatura, Li Shangyin fue un gran poeta de la Dinastía Tang Tardía, cuyos poemas estaban a la altura de los de Du Mu. Sus poemas estaban escritos en forma de canciones y poemas, atacando los males de la época, recitando historia y enviando despedidas a los amigos.