Les saules ne renouvellent les ruines printanières,
Au chant des lotus le printemps ne revivra.
Seule la lune qui se mire à la rivière
À vu la belle enchanteuse du vieux roi.
Poème chinois
「苏台览古」
李白
旧苑荒台杨柳新,菱歌清唱不胜春。
只今惟有西江月,曾照吴王宫里人。
Explication du poème
Ce poème nostalgique évoque la terrasse de Gusu, où le poète, contemplant ces vestiges, exprime ses réflexions sur la gloire passée désormais réduite à néant. À travers le paysage, il donne voix à ses sentiments sur les vicissitudes de l'histoire.
Premier couplet: « 旧苑荒台杨柳新,菱歌清唱不胜春。 »
Jiù yuàn huāng tái yángliǔ xīn, líng gē qīng chàng bùshèng chūn.
Les jardins d'antan en ruines, la terrasse délabrée, mais les saules toujours verts ; Les chants limpides des cueilleuses de châtaignes d'eau débordent de printemps.
Ce couplet ouvre sur un contraste entre passé et présent : la splendeur disparue de la terrasse de Gusu face à la vitalité persistante du paysage printanier, invitant à une méditation sur les cycles historiques.
Deuxième couplet: « 只今惟有西江月,曾照吴王宫里人。 »
Zhǐ jīn wéi yǒu xī jiāng yuè, céng zhào wú wáng gōng lǐ rén.
Seule demeure aujourd'hui la lune sur le fleuve de l'Ouest, Qui jadis éclairait les habitants du palais du roi de Wu.
La lune, éternelle et immuable, devient le témoin silencieux des fastes disparus de la cour royale, suggérant avec mélancolie l'impermanence des choses humaines.
Appréciation globale
Le poème déploie une habile antithèse entre permanence et changement. L'évocation des "jardins en ruines" et de la "terrasse délabrée" fait écho à la fraîcheur des "saules toujours verts", créant un dialogue poignant entre décadence et renaissance. Les "chants des cueilleuses", apparemment joyeux, n'en accentuent que davantage la mélancolie du poète. La lune, ultime vestige des splendeurs passées, devient le symbole de l'éternité face à la fugacité des gloires humaines. Sans pathos excessif, le poète laisse le paysage parler pour lui, instillant une profonde réflexion sur le temps qui passe.
Caractéristiques littéraires
- Art du contraste : L'opposition systématique entre ruines et renaissance végétale, entre mémoire et oubli, structure la méditation poétique.
- Symbolisme lunaire : L'astre nocturne, témoin impassible des siècles, relie les époques tout en soulignant leur disparité.
- Fusion paysage-émotion : La description objective des scènes naturelles devient le miroir d'une mélancolie historique subtilement distillée.
Éclairages
Ce poème transcende la simple évocation nostalgique pour proposer une véritable philosophie de l'histoire. Face à l'effacement inéluctable des œuvres humaines, la nature persiste et se renouvelle, offrant une leçon de relativité. Le poète nous invite à considérer les vanités terrestres avec détachement, tout en préservant la mémoire de ce qui fut. Une méditation toujours actuelle sur notre rapport au temps et à la postérité.
Traducteur de poésie
Xu Yuan-chong(许渊冲)
À propos du poète
Li Bai (李白), 701 - 762 apr. Li Bai a porté la poésie chinoise classique, en particulier la poésie romantique, à son apogée et a influencé des générations de lettrés exceptionnels dans le passé et le présent grâce à ses remarquables réalisations.