Jeunes Saules de Yang Wanli

xin liu · yang wanli
Les branches de saule, longues de cent pieds, caressent l’étang argenté,
Gardez cette teinte jaune pâle, ne devenez pas vert foncé !

Peut-être ces rameaux ne peuvent-ils tremper dans l’eau,
Mais leur reflet aquatique les attire à s’allonger encore.

Poème chinois

「新柳」
柳条百尺拂银塘,且莫深青只浅黄。
未必柳条能蘸水,水中柳影引他长。

杨万里

Explication du poème

Ce poème fut composé en 1178, la cinquième année de l'ère Chunxi des Song du Sud. À l'âge de cinquante-deux ans, Yang Wanli connut une révélation poétique soudaine où "les dix mille phénomènes vinrent spontanément lui offrir leur essence poétique", lui permettant dès lors de composer avec une aisance fluide comme "les nuages qui flottent et l'eau qui coule". Le Nouveau Saule compte parmi les chefs-d'œuvre de cette période créative. Avec son pinceau minutieux, le poète dépeint les jeunes saules du début du printemps, capturant non seulement la fraîche vitalité printanière mais reflétant aussi sa conscience artistique d'avoir transcendé l'école poétique du Jiangxi pour forger son propre "style de la Sincérité".

Premier distique : « 柳条百尺拂银塘,且莫深青只浅黄。 »
Liǔ tiáo bǎi chǐ fú yín táng, qiě mò shēn qīng zhǐ qiǎn huáng.

"Les branches de saule, longues de cent pieds, effleurent l'étang argenté ;
Gardez-vous du vert foncé - ne soyez que jaune tendre."

Le poète adopte une perspective large, décrivant à la fois l'élégante longueur des branches et la délicate pâleur de leur couleur. "Cent pieds" souligne la grâce allongée des rameaux, tandis que "jaune tendre" en capture la fraîcheur printanière, exprimant une chérissance joyeuse pour les nouveautés de la saison.

Second distique : « 未必柳条能蘸水,水中柳影引他长。 »
Wèi bì liǔ tiáo néng zhàn shuǐ, shuǐ zhōng liǔ yǐng yǐn tā cháng.

"Les branches ne trempent sans doute pas dans l'eau,
Mais leur reflet aquatique semble les prolonger."

Le poète se tourne vers le reflet aquatique. Le verbe "prolonger" (引) insuffle une vie au miroir liquide, faisant écho à la longueur des branches tout en créant une interaction dynamique entre l'arbre et son image. Ce "prolonger" révèle une pensée ingénieuse, animant magistralement la scène des saules balancés par la brise au-dessus de leur reflet dans l'étang.

Lecture globale

Ce bref poème déborde de vitalité et de poésie. Progressant du lointain au proche, du réel au virtuel (des branches à leur reflet), le poète compose un tableau printanier à la fois dynamique et délicat. Le langage, simple et naturel, recèle pourtant une profondeur significative - particulièrement l'emploi de "prolonger" qui personnifie l'eau et les reflets, démontrant une sensibilité aiguë envers la nature. L'œuvre illustre parfaitement les caractéristiques du "style de la Sincérité" : un langage accessible et familier, des sujets quotidiens, mais traités avec une originalité qui révèle des perspectives neuves sur les scènes ordinaires. À travers la grâce des jeunes saules et leur vivacité, le poète transmet son amour du printemps et son appréciation de la vie.

Spécificités stylistiques

  • Fusion réel-irréel : Le premier vers peint la réalité, le second son reflet, le "prolongement" aquatique enrichissant l'imaginaire.
  • Rhetorique vivante : Le "prolonger" anime les reflets d'une spirituelle vitalité.
  • Couleurs évocatrices : Le "jaune tendre" capte l'essence printanière avec une acuité visuelle remarquable.
  • Équilibre dynamique : Le balancement des branches et le mouvement des reflets créent une scène à la fois paisible et vibrante.
  • Langage clair et naturel : Aucune obscurité verbale, seulement une fluidité rafraîchissante chargée de sens.
  • Émotion dans le paysage : La scène extérieure reflète l'amour du poète pour le printemps et l'existence.

Éclairages

Ce poème nous enseigne que la nature recèle une poésie infinie - il suffit d'un regard attentif et d'un cœur sensible pour révéler des perspectives neuves dans l'ordinaire. À travers le jeune saule tendre et son reflet dansant, le poète exprime l'énergie bouillonnante du printemps, nous invitant à chérir l'instant présent, à aimer la vie, et à découvrir la beauté dans la simplicité quotidienne. Yang Wanli illustre ici comment transcender les conventions pour forger une voix poétique authentiquement personnelle, fusionnant observation minutieuse et sensibilité lyrique dans une célébration à la fois humble et profonde des miracles quotidiens.

À propos du poète

Yang Wanli

Yang Wanli (杨万里 1127 - 1206), originaire de Jishui dans le Jiangxi, fut un célèbre poète de la dynastie Song du Sud, considéré comme l'un des « Quatre Grands Maîtres de la Restauration » aux côtés de Lu You, Fan Chengda et You Mao. Il obtint le titre de jinshi en 1154 et accéda au poste d'Académicien du Pavillon Baomo. Se libérant des contraintes de l'École poétique du Jiangxi, il créa le style naturel et vivant du « Chengzhai », prônant l'apprentissage de la nature et l'utilisation d'un langage simple mais profond. Sa poésie, souvent inspirée par la vie quotidienne, influença profondément les écoles lyriques ultérieures, en particulier l'école Xingling (Esprit et Sensibilité).

Total
0
Shares
Prev
Promenade du Soir en Automne de Yang Wanli
qiu liang wan bu

Promenade du Soir en Automne de Yang Wanli

Il est trop facile de dire que l’automne attriste, Cette fraîcheur légère est au

Next
Neige avec Maître Tang de Yang Wanli
he tang shu du xue

Neige avec Maître Tang de Yang Wanli

Je croyais avoir du loisir, mais aucun loisir n’est complet, Tant les pensées

You May Also Like