Inscription au Palais Xitaiyi I ​​de Wang Anshi

ti xi tai yi gong bi er shou i
Les cigales chantent dans les saules vert sombre,
Les lotus rougissent sous le soleil couchant.
Trente-six étangs de printemps —
Tête blanche, je rêve encore au sud du fleuve.

Poème chinois

「登飞来峰」
飞来山上千寻塔,闻说鸡鸣见日升。
不畏浮云遮望眼,自缘身在最高层。

王安石

Explication du poème

Ce poème fut composé en 1068 (1ère année Xining sous l'empereur Shenzong des Song du Nord), lorsque Wang Anshi, nouvellement nommé à la capitale, revisita l'ancien site du palais Xitaiyi et l'inscrivit sur ses murs. À cette époque d'âge mûr, sa carrière incertaine et ses réformes politiques pas encore mises en œuvre, les vicissitudes de la vie et la séparation d'avec ses proches étaient déjà devenues des douleurs vives. Ce poème exprime la nostalgie et les réflexions sur sa propre existence que lui inspirent les paysages devant ses yeux, un petit chef-d'œuvre mural alliant émotion discrète et profondeur durable.

Premier couplet : « 柳叶鸣蜩绿暗,荷花落日红酣。 »
Liǔ yè míng tiáo lǜ àn, hé huā luò rì hóng hān.
"Les feuilles de saule, sombres de vert - les cigales chantent ;
Les fleurs de lotus, ivres de rouge - le soleil décline."

Ce couplet dépeint l'été à son apogée, mêlant visions et sons dans une palette chromatique intense. "Sombre de vert" évoque l'épaisseur du feuillage des saules, tandis que "les cigales chantent" caractérise l'été, créant une atmosphère à la fois luxuriante et languissante. "Ivre de rouge" décrit les lotus baignés de lumière déclinante comme une beauté légèrement enivrée, à la fois vivante et émotive. Ces deux instantanés composent une scène estivale à la fois flamboyante et paisible, préparant subtilement le tournant émotionnel à venir.

Second couplet : « 三十六陂春水,白头想见江南。 »
Sān shí liù bēi chūn shuǐ, bái tóu xiǎng jiàn jiāng nán.
"Trente-six digues d'eaux printanières -
Tête blanche, je rêve du Jiangnan."

Ici, le paysage bascule vers l'émotion. "Trente-six digues", nom de réservoirs près de Jinling, évoque traditionnellement la grâce aquatique du Jiangnan. Bien qu'en plein été, le poète associe ces eaux aux flots printaniers du sud, menant à la lamentation nostalgique "Tête blanche, je rêve du Jiangnan". "Tête blanche" reflète son vieillissement, tandis que "je rêve de" suggère un désir à la fois intense et irréalisable. Ce couplet transcende la simple nostalgie géographique pour embrasser le regret des êtres chers, du passé et de soi-même, dans une émotion complexe et profonde.

Lecture globale

À travers les paysages estivaux du vieux palais Xitaiyi, ce poème réveille une nostalgie infinie pour le Jiangnan natal et des souvenirs profonds du temps passé. Le premier couplet, riche en couleurs et sensations, associe paysage et émotion ; le second exhale une mélancolie chargée de regrets. "Sombre de vert" et "ivre de rouge" peignent l'intensité de l'été, tandis que "Tête blanche, je rêve du Jiangnan", d'une simplicité grave, condense en peu de mots le vieillissement du poète et l'étendue de sa nostalgie.

Bien que bref (quatre vers seulement), ce poème mural entrelace les temporalités (l'été présent et les eaux printanières du souvenir), les espaces (les bassins de la capitale et les digues du Jiangnan) et les émotions (la joie du paysage et la tristesse du regret), unissant description naturelle et méditation existentielle, révélant la maîtrise artistique et la profondeur émotionnelle de Wang Anshi dans sa maturité.

Spécificités stylistiques

  • Émotion dans le paysage, union du mouvement et de la stase
    Le poète éveille sa nostalgie à travers des scènes estivales paisibles. Paysage et sentiment ne font qu'un, le mouvement coexiste avec le calme, la beauté avec la tristesse.
  • Contraste chromatique, images frappantes
    "Sombre de vert" face à "ivre de rouge" crée un fort contraste visuel, exprimant autant les traits du paysage que les nuances émotionnelles.
  • Lieux historiques comme vecteurs de nostalgie
    "Trente-six digues" est à la fois un paysage réel et un symbole mémoriel du Jiangnan, fusionnant émotion personnelle et culture géographique.
  • Langage concis mais suggestif, riche de sens
    D'une apparente simplicité, chaque mot est puissamment expressif, avec des vers équilibrés et une atmosphère profonde.

Éclairages

Cette œuvre condensée recèle une émotion profonde et une sagesse mûrie par les années. Elle nous rappelle qu'à l'âge mûr, les paysages familiers ravivent souvent les souvenirs d'une vie passée. Dans notre course effrénée, chaque retour sur des lieux connus, chaque changement dans le paysage sous nos yeux éveille peut-être en nous un appel intérieur vers le passé, les proches et nos racines. Cette nostalgie de la terre natale et cette mélancolie silencieuse face à l'écoulement du temps sont peut-être les sentiments les plus authentiques de la vie.

​À propos du poète​

Wang Anshi

Wang Anshi​​ (王安石, 1021 - 1086), originaire de Linchuan dans le Jiangxi, fut un éminent homme politique et lettré des Song du Nord. Figure centrale des "Réformes de Xining", son œuvre littéraire reflète tout autant l'acuité réformatrice que la profondeur philosophique de son esprit. Son Recueil de Linchuan, comprenant plus d'un millier de poèmes et écrits en prose, constitue l'expression la plus aboutie de l'esprit des lettrés-fonctionnaires de l'ère Song du Nord.

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