La Cueillette des Mûres de Xin Qiji

chou nu er · shu bo shan dao zhong bi
Jeune, ne sachant pas ce qui crevait le cœur,
J'aimais monter sur la hauteur.
J'aimais monter sur la hauteur;
Faisant des vers, je me plaignais de mon malheur.

Maintenant ce qui crève le cœur, je le sais,
Mais je m’en tais.
Mais je m’en tais,
Ne parlant que du bel automne et du frais qu’il fait.

Poème chinois

「丑奴儿 · 书博山道中壁」
少年不识愁滋味,爱上层楼。
爱上层楼,为赋新词强说愁。
而今识尽愁滋味,欲说还休。
欲说还休,却道“天凉好个秋”!

辛弃疾

Explication du poème

Ce ci fut composé par Xin Qiji durant sa retraite forcée au lac Dai, après avoir été destitué de ses fonctions. Lors d'un voyage à travers les monts Boshan, l'esprit alourdi et indifférent aux paysages, il ne parvint à dissiper sa mélancolie face aux couleurs automnales. Hanté par le déclin de la nation et l'inaccomplissement de ses ambitions, il traça ces vers d'un pinceau spontané, exprimant sa profonde affliction et son impuissance.

Première strophe : « 少年不识愁滋味,爱上层楼。爱上层楼,为赋新词强说愁。 »
Shàonián bù shí chóu zīwèi, ài shàng céng lóu. Ài shàng céng lóu, wèi fù xīn cí qiǎng shuō chóu.
Jeune, j'ignorais la saveur du chagrin, Mais j'aimais gravir les pavillons élevés. Aimant gravir les pavillons élevés, Je feignais la mélancolie pour composer de nouveaux vers.

Cette strophe évoque la jeunesse insouciante où le poète, sans avoir éprouvé de vrai chagrin, imitait les poses mélancoliques des lettrés. La répétition de "j'aimais gravir les pavillons" crée un lien causal, révélant à la fois l'impétuosité juvénile et préparant le contraste avec la vraie mélancolie exprimée dans la strophe suivante.

Deuxième strophe : « 而今识尽愁滋味,欲说还休。欲说还休,却道‘天凉好个秋’! »
Érjīn shí jìn chóu zīwèi, yù shuō hái xiū. Yù shuō hái xiū, què dào "tiān liáng hǎo gè qiū"!
Aujourd'hui, je connais toute l'amertume du chagrin, Je voudrais en parler - mais je m'arrête. Je voudrais en parler - mais je m'arrête, Et ne fais que murmurer : "Qu'il fait bon, ce frais automne !"

Ici, le poète confronté à la maturité a réellement éprouvé le poids du chagrin, mais se trouve désormais sans mots. Le célèbre "Qu'il fait bon, ce frais automne !" conclut le poème sur une apparente légèreté qui dissimule une profondeur amère, mêlant ironie et autodérision.

Lecture globale

Ce ci oppose l'"ignorance du chagrin" de la jeunesse à sa pleine connaissance dans l'âge mûr, créant par ce contraste temporel un puissant effet dramatique. Le Xin Qiji jeune, fougueux et déterminé à restaurer la grandeur nationale, cède la place à un homme mûr aux ambitions contrariées, dont la douleur ne peut s'exprimer directement - d'où le sens profond du "je voudrais en parler - mais je m'arrête".

La dernière ligne, en apparence anodine, enveloppe en réalité une lourde préoccupation patriotique et une profonde désillusion. L'indicible chagrin se transforme en une simple remarque sur le temps, illustrant parfaitement ce vers de Tao Yuanming : "Ici gît un sens vrai, mais vouloir l'expliquer, j'ai déjà oublié les mots."

Spécificités stylistiques

La caractéristique la plus frappante de ce ci réside dans son expression dépouillée véhiculant une émotion intense. Xin Qiji dépeint une profonde transformation intérieure avec des mots simples, utilisant notamment la répétition ("j'aimais gravir", "je voudrais en parler") pour renforcer le rythme et la gradation émotionnelle. La conclusion, transformant le poids en légèreté, enveloppe l'amertume dans une apparente désinvolture, créant une ironie poignante qui constitue le coup de pinceau magistral de l'œuvre.

Éclairages

Ce ci nous enseigne qu'avec l'expérience de la vie, le chagrin s'alourdit, et que les douleurs les plus profondes deviennent souvent indicibles, ne trouvant qu'une expression indirecte. Parfois, derrière des paroles en apparence légères se cache une infinie amertume - tout comme le silence de beaucoup dans la réalité ne signifie pas l'absence de pensées, mais l'impossibilité d'exprimer une souffrance trop lourde. À travers son expérience personnelle, Xin Qiji reflète le destin tragique de toute une génération de loyalistes et d'idéalistes de son époque.

Traducteur de poésie

Xu Yuanchong(许渊冲)

À propos du poète

Xin Qi-ji

Xin Qiji (辛弃疾), 1140-1207 après J.-C., originaire de Jinan, dans la province de Shandong, était un général, un lettré et un poète de la dynastie Song. Xin Qiji n'est pas seulement l'apogée de la scène littéraire des Song du Sud, mais aussi une figure clé de l'innovation des textes dans l'histoire littéraire chinoise. La vie de Xin Qiji était empreinte de patriotisme et de l'amertume d'une ambition inassouvie, et ses textes ne sont pas seulement un témoignage de l'époque, mais aussi un véritable portrait de son parcours.

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