Mille maisons sont détruites pour en faire un jardin,
Des roses sont plantées au lieu d’arbres fruitiers.
Le vent d'automne levé, les roses tombent en vain,
De ronces et d’épines le jardin est parsemé.
Poème chinois
「题兴化寺园亭」
贾岛
破却千家作一池,不栽桃李种蔷薇。
蔷薇花落秋风起,荆棘满庭君始知。
Explication du poème
Ce poème a été écrit sous la dynastie Tang. Le poète utilise des objets pour critiquer les puissants, comparant l'étang et les roses à la puissance et à la superficialité, révélant leur nature extravagante et vaine, et suggérant leur déclin final. Le poète vise ici Pei Du, qui, bien qu'ayant accompli certaines réalisations politiques, n'a pas échappé aux excès de la société de l'époque, participant à la compétition ostentatoire des classes supérieures.
Premier distique: "破却千家作一池,不栽桃李种蔷薇。"
Pò què qiān jiā zuò yī chí, bù zāi táo lǐ zhòng qiáng wēi.
Détruire les terres de milliers de familles pour construire un étang, ne pas planter de pêchers, de pruniers ou de melons, mais plutôt cultiver des roses.
Dès le début, le poète dénonce l'injustice des puissants, soulignant leur extravagance. En opposant "milliers de familles" à "un étang", il crée un contraste frappant, révélant comment les puissants s'approprient les terres des gens du peuple pour leur propre plaisir. "Ne pas planter de pêchers mais cultiver des roses" critique davantage leur recherche de superficialité et leur manque de pragmatisme, suggérant qu'ils n'ont que l'apparence sans véritable vertu.
Deuxième distique: "蔷薇花落秋风起,荆棘满庭君始知。"
Qiáng wēi huā luò qiū fēng qǐ, jīng jí mǎn tíng jūn shǐ zhī.
Quand le vent d'automne souffle, les roses tombent, et lorsque les épines envahissent la cour, vous commencez à comprendre.
Le poète utilise la chute des roses comme symbole de la gloire éphémère, suggérant que lorsque les puissants perdent leur pouvoir, leur splendeur passée se flétrit comme les roses, ne laissant que des épines dans la cour, et il est alors trop tard pour regretter. "君始知" (vous commencez à comprendre) contient une pointe d'ironie, indiquant que les puissants ne réalisent souvent les conséquences de leur extravagance qu'après leur déclin.
Analyse globale
Le langage du poème est simple et direct, mais son sens est profond. Le poète utilise habilement des images de jardin, comparant l'étang au pouvoir, les roses à la superficialité, et les épines au déclin, critiquant ainsi l'extravagance des puissants qui finiront par en subir les conséquences. Cette manière de critiquer à travers des objets rend la satire encore plus percutante. Le poème ne critique pas directement, mais suggère le déclin des puissants à travers la chute des paysages, offrant à la fois une critique ciblée et une signification sociale plus large.
Caractéristiques de l'écriture
- Critique à travers les paysages, signification profonde : À travers la description du jardin, le poète critique subtilement l'extravagance des classes dirigeantes, avec des mots simples mais une satire mordante.
- Contraste frappant, progression par étapes : "Détruire les terres de milliers de familles" contre "un étang", "pêchers et pruniers" contre "roses", "chute des roses" contre "épines dans la cour", ces contrastes renforcent le thème et rendent le poème plus vivant.
- Langage simple, satire acérée : Bien que le poème n'utilise pas de vocabulaire complexe, son sens est profond. Les quatre vers progressent étape par étape, de la construction du jardin à son déclin, rendant la satire plus directe et puissante.
Réflexion
Ce poème, à travers la construction et le déclin d'un jardin, révèle que les dirigeants extravagants et nuisibles au peuple finiront par en subir les conséquences. Il nous rappelle que la gloire superficielle ne dure pas, et que seule une véritable contribution au bien-être du peuple et une approche pragmatique peuvent apporter des réalisations durables. Quel que soit le pouvoir, il ne peut résister à l'écoulement du temps, et l'extravagance excessive ne mène qu'à une cour remplie d'épines.
Traducteur de poésie
Xu Yuan-chong(许渊冲)
À propos du poète
Jia Dao (779 - 843), originaire de Fanyang (aujourd'hui Daxing, Beijing), est un poète célèbre de la dynastie Tang. Dans sa jeunesse, il devint moine sous le nom religieux de Wuben. Plus tard, lors de ses voyages à Luoyang, il attira l'attention de Han Yu, qui admira son talent et l'encouragea à quitter la vie monastique. Cependant, malgré ses efforts, Jia Dao échoua à plusieurs reprises aux examens impériaux. Ses poèmes décrivent souvent des paysages désolés et des sentiments de pauvreté et de mélancolie, avec un langage empreint de froideur et d'amertume, ce qui lui valut d'être reconnu comme l'un des plus grands poètes de l'"amertume" de son époque.