You ask me when I am coming. I do not know.
I dream of your mountains and autumn pools brimming all night with the rain.
Oh, when shall we be trimming wicks again, together in your western window?
When shall I be hearing your voice again, all night in the rain?
Poème chinois
「十一月四日风雨大作 · 其二」
陆游
僵卧孤村不自哀,尚思为国戍轮台。
夜阑卧听风吹雨,铁马冰河入梦来。
Explication du poème
Ce poème fut composé en 1187, la 14e année du règne Chunxi sous l'empereur Xiaozong des Song, alors que Lu You, âgé de 68 ans, vivait retiré dans son village natal de Shanyin après avoir été relevé de ses fonctions. À cette époque, les Song du Sud ne contrôlaient qu'une partie du territoire, les Jin occupant les plaines centrales, et la réunification semblait un rêve lointain. Bien que vieilli et affaibli, Lu You gardait intact son idéal patriotique. Écrit par une nuit de tempête, ce poème exprime sa résolution inébranlable et son ardent désir de repousser les Jin et de reconquérir les territoires perdus.
Premier couplet : « 僵卧孤村不自哀,尚思为国戍轮台。 »
Jiāng wò gū cūn bù zì āi, shàng sī wèi guó shù lúntái.
Raide, alité dans ce hameau solitaire, je ne m'apitoie pas, Songeant encore à garder la Tour Lun pour mon pays.
Ces vers dépeignent, à travers des termes comme « raide », « alité », « solitaire », la condition d'un vieillard malade et isolé. Pourtant, loin de se plaindre, il pense encore à défendre les frontières. À près de soixante-dix ans, il rêve de mourir au combat, révélant un patriotisme désintéressé et une volonté d'acier.
Deuxième couplet : « 夜阑卧听风吹雨,铁马冰河入梦来。 »
Yèlán wò tīng fēng chuī yǔ, tiěmǎ bīnghé rù mèng lái.
La nuit profonde, alité, j'écoute vent et pluie, Des chevaux d'acier, des fleuves glacés envahissent mes rêves.
Dans l'entrelacement de l'ouïe et du songe, le poète projette ses angoisses et ses idéaux. La scène onirique de combat, avec ses « chevaux d'acier » et « fleuves glacés », est d'une puissance visuelle saisissante. Ne pouvant guerroyer en réalité, il ne rejoint le champ de bataille qu'en rêve, accentuant ainsi sa loyauté et sa douleur.
Lecture globale
En vingt-huit caractères seulement, ce quatrain déploie une tension extraordinaire, passant de la réalité présente aux visions oniriques, avec une intensité émotionnelle croissante. Le début décrit la situation réelle du poète - malade et isolé -, mais « je ne m'apitoie pas » révèle sa force d'âme. « Songeant encore à garder la frontière » exprime l'idéal inaltérable de ce vieillard. Les deux derniers vers, où la tempête nocturne donne naissance à un rêve de bataille, dépeignent une grandeur héroïque. D'une tonalité à la fois profonde et majestueuse, ce poème est un chef-d'œuvre de la maturité de Lu You, reflétant une âme grandiose tourmentée par le sort de sa patrie.
Spécificités stylistiques
- Fusion paysage-émotion, union réel-onirique : Le contraste entre la réalité misérable et le rêve héroïque crée une puissante résonance artistique.
- Langage concis, images puissantes : « Chevaux d'acier, fleuves glacés » esquissent en quatre caractères une scène de guerre grandiose.
- Parallélisme rigoureux, rythme martial : La structure symétrique et le phrasé cadencé imitent le galop des chevaux de bataille.
- Émotion progressive, intensité croissante : De l'immobilité du « raide alité » au mouvement des « chevaux d'acier », le poème culmine dans une ferveur patriotique bouillonnante.
Éclairages
Ce poème enseigne que la vraie loyauté et le sens du devoir ne faiblissent pas avec l'âge. Même alité, un idéal supérieur peut inspirer une bravoure indomptable. Lu You, à travers son propre exemple, incarne l'idéal confucéen du lettré serviteur de l'État. Son esprit demeure non seulement un modèle de patriotisme, mais aussi un phare encourageant les générations futures à assumer leurs responsabilités sans jamais oublier leurs aspirations originelles.
Traducteur de poésie
Xu Yuanchong(许渊冲)
À propos du poète
Lu You (陆游), 1125-1210 après J.-C., était un lettré, historien et poète de la dynastie Song, originaire de Shaoxing, dans la province du Zhejiang. Lu You était l'un des poètes les plus prolifiques de Chine, avec environ 9 300 poèmes conservés. Ses poèmes sont connus pour leur magnifique patriotisme, reflétant l'esprit de l'époque où le peuple de la dynastie Song luttait contre l'agression et la capitulation.