Ma chaumière détruite par le vent de Du Fu

mao wu wei qiu feng suo po ge
Au fort de l’automne le vent fait rage,
Enlevant trois couches de chaume de mon cottage.
Une couche s'envole jusqu'au rivage,
Une autre reste au cime de l’arbre haut,
Une troisième se répand sur l’eau.
Les enfants du sud m'insultent vieux,
Et volent mon chaume à mes yeux.
Dans les bambous une couche est emportée,
Quoique je crie jusqu’à la bouche séchée.
Bâton en main, je reviens en soupir,
Quand le vent tombe, on voit les nuees noircir
Le ciel d’automne, sombre de leur ombre.
Ma couverture est froide, longuement usée;
Mon enfant à coup de pied l’a déchirée.
Il pleut et la fuite d’eau n’est pas étanchée,
Mon lit n’est pas sec et ma couverture inondée.
Depuis la guerre, le sommeil me fuit;
Tout trempé, que ferais-je de cette longue nuit?
Où trouverait-on mille bâtiments
Pour abriter tous les pauvres gens?
Pour que les lettrés vivent joyeux,
Quand ces demeures surgissent devant mes yeux,
Ah! Que ma chaumière détruite, je mourrais heureux.

Poème chinois

「茅屋为秋风所破歌」
八月秋高风怒号,卷我屋上三重茅。茅飞渡江洒江郊,高者挂罥长林梢,下者飘转沉塘坳。
南村群童欺我老无力,忍能对面为盗贼。公然抱茅入竹去,唇焦口燥呼不得,归来倚杖自叹息。
俄顷风定云墨色,秋天漠漠向昏黑。布衾多年冷似铁,娇儿恶卧踏里裂。床头屋漏无干处,雨脚如麻未断绝。自经丧乱少睡眠,长夜沾湿何由彻!
安得广厦千万间,大庇天下寒士俱欢颜!风雨不动安如山。呜呼!何时眼前突兀见此屋,吾庐独破受冻死亦足!

杜甫

Explication du poème

Ce poème a été composé à l’automne de la deuxième année du règne de l’empereur Suzong des Tang (759), peu après que Du Fu se soit installé dans le Chaume de Chengdu. À cette époque, il vivait dans une grande pauvreté, au point de ne même pas pouvoir réparer le toit de chaume de sa maison, emporté par le vent. Le poète vivait dans une période de guerre et de famine, témoin des souffrances du peuple et lui-même plongé dans la misère. Ce poème est un reflet fidèle de sa vie difficile, exprimant ses préoccupations pour le pays et le peuple.

Premier couplet: « 八月秋高风怒号,卷我屋上三重茅。茅飞渡江洒江郊,高者挂罥长林梢,下者飘转沉塘坳。 »
Bā yuè qiū gāo fēng nù háo, juǎn wǒ wū shàng sān chóng máo. Máo fēi dù jiāng sǎ jiāng jiāo, gāo zhě guà juàn cháng lín shāo, xià zhě piāo zhuǎn chén táng ào.
En août, le vent d’automne rugit avec fureur, arrachant les couches de chaume de mon toit. Le chaume vole par-dessus la rivière, se répandant sur les rives ; certains s’accrochent aux cimes des arbres, d’autres flottent et tombent dans les étangs.

Ce couplet commence par une description puissante du vent destructeur. Le poète utilise une série de verbes comme « arracher », « voler », « se répandre », « s’accrocher » et « flotter » pour montrer la violence du vent et le désordre qui en résulte. Ces images mettent en relief la détresse et l’impuissance du poète face à la destruction de sa maison.

Deuxième couplet: « 南村群童欺我老无力,忍能对面为盗贼。公然抱茅入竹去,唇焦口燥呼不得,归来倚杖自叹息。 »
Nán cūn qún tóng qī wǒ lǎo wú lì, rěn néng duì miàn wéi dào zéi. Gōng rán bào máo rù zhú qù, chún jiāo kǒu zào hū bù dé, guī lái yǐ zhàng zì tàn xī.
Les enfants du village du sud, profitant de ma vieillesse et de ma faiblesse, osent me voler en face, emportant le chaume dans les bambous. J’ai crié jusqu’à en avoir la gorge sèche, mais en vain ; je rentre chez moi, m’appuyant sur ma canne, et soupire.

Ici, le poète se tourne vers les actions humaines, exprimant sa colère et son impuissance. Les mots « oser » et « en face » montrent l’audace des enfants, tandis que ses cris vains et ses soupirs soulignent son désespoir et l’injustice de la situation.

Troisième couplet: « 俄顷风定云墨色,秋天漠漠向昏黑。布衾多年冷似铁,娇儿恶卧踏里裂。床头屋漏无干处,雨脚如麻未断绝。自经丧乱少睡眠,长夜沾湿何由彻! »
É qǐng fēng dìng yún mò sè, qiū tiān mò mò xiàng hūn hēi. Bù qīn duō nián lěng sì tiě, jiāo ér è wò tà lǐ liè. Chuáng tóu wū lòu wú gān chù, yǔ jiǎo rú má wèi duàn jué. Zì jīng sāng luàn shǎo shuì mián, cháng yè zhān shī hé yóu chè!
Peu après, le vent s’apaise, les nuages sont sombres comme de l’encre, et l’automne s’assombrit. La couverture, vieille de plusieurs années, est froide comme du fer ; mes enfants, en dormant mal, l’ont déchirée. Le lit est inondé, il n’y a pas un endroit sec dans la maison. Depuis les troubles de la guerre, je dors peu ; comment traverser cette longue nuit humide jusqu’à l’aube ?

Ce couplet décrit en détail les souffrances du poète : la couverture froide et dure, les enfants qui déchirent le peu qu’il reste, la maison inondée, et les nuits interminables et humides. Ces images montrent non seulement la misère de Du Fu, mais aussi sa compassion pour tous ceux qui souffrent dans ces temps difficiles.

Quatrième couplet: « 安得广厦千万间,大庇天下寒士俱欢颜!风雨不动安如山。呜呼!何时眼前突兀见此屋,吾庐独破受冻死亦足! »
Ān dé guǎng shà qiān wàn jiān, dà bì tiān xià hán shì jù huān yán! Fēng yǔ bù dòng ān rú shān. Wū hū! Hé shí yǎn qián tū wù jiàn cǐ wū, wú lú dú pò shòu dòng sǐ yì zú!
Si seulement je pouvais avoir des milliers de vastes maisons, abritant tous les lettrés pauvres du monde, leur apportant la joie ! Ces maisons seraient inébranlables face au vent et à la pluie, solides comme des montagnes. Hélas ! Quand verrai-je une telle maison devant moi ? Alors, même si ma chaumière est détruite et que je meurs de froid, cela me suffira.

Dans ce couplet, le poète dépasse ses propres souffrances pour exprimer un idéal universel. Il souhaite que tous les lettrés pauvres puissent avoir un abri sûr, montrant ainsi son amour pour l’humanité et son désir de justice sociale. Ce passage est un appel poignant à la compassion et à la solidarité.

Appréciation globale

Ce poème, partant de la destruction de la chaumière, dépeint de manière réaliste les souffrances de Du Fu. Le poète passe de ses propres difficultés à un idéal universel, créant un contraste émotionnel puissant. Le poème est profondément émouvant et montre la grandeur de l’esprit de Du Fu, préoccupé par le sort du pays et du peuple.

Caractéristiques de l’écriture

  • Détails minutieux, fusion des émotions et des scènes : Le poète décrit avec précision les effets du vent, les actions des enfants et les conditions de vie difficiles, créant une immersion émotionnelle.
  • Contraste et renforcement des émotions : La misère personnelle du poète contraste avec son idéal de maisons pour tous, mettant en valeur sa transformation d’une souffrance individuelle à une préoccupation universelle.
  • Choix de mots précis, images vivantes : Des expressions comme « rugir avec fureur », « froid comme du fer » et « pluie comme du chanvre » rendent les scènes vivantes et émouvantes.

Enseignement

Ce poème ne montre pas seulement les difficultés personnelles de Du Fu, mais aussi son profond amour pour le pays et le peuple. À travers ses propres souffrances, il appelle à la compassion et à la justice sociale. L’idéal de « milliers de vastes maisons » reste un symbole puissant d’espoir et d’humanité, nous encourageant à œuvrer pour le bien-être de tous, surtout des plus démunis.

Traducteur de poésie

Xu Yuan-chong(许渊冲)

À propos du poète

Du Fu

Du Fu (杜甫), 712 - 770 après J.-C., originaire de Xiangfan, dans la province de Hubei, est un grand poète réaliste de l'histoire chinoise. Du Fu a eu une vie difficile, et sa vie de troubles et de déplacements lui a fait ressentir les difficultés des masses, de sorte que ses poèmes étaient toujours étroitement liés aux événements actuels, reflétant la vie sociale de l'époque d'une manière plus complète, avec des pensées profondes et un horizon élargi.

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