En Partant avec Wang Wei de Meng Haoran

liu bie wang wei
Qu’est-ce que j’attends, solitaire?
Je rentre le cœur vide jour par jour.
Cherchant le doux sur la terre,
Puis-je quitter mon ami de retour?
Devenu puissant, on m’élude;
Je cherche un connoisseur en vain.
Restant dans ma solitude,
Je ferme la porte de mon jardin.

Poème chinois

「留别王维」
寂寂竟何待, 朝朝空自归。
欲寻芳草去, 惜与故人违。
当路谁相假, 知音世所稀。
只应守寂寞, 还掩故园扉。

孟浩然

Explication du poème

Ce poème fut composé par Meng Haoran, maître du paysage pastoral des Tang, alors qu'il quittait Chang'an pour prendre congé de son ami Wang Wei. Déçu dans ses ambitions officielles, le poète exprime ici à la fois l'amertume de ses rêves brisés et l'attachement profond à son ami. D'une simplicité dépouillée, ces vers révèlent une émotion d'une rare intensité.

Premier couplet : « 寂寂竟何待,朝朝空自归。 »
Solitude absolue - qu'attendre encore ?
Jour après jour, je rentre les mains vides.

Ces vers ouvrent sur une confession poignante. "Solitude absolue" peint autant l'isolement physique que la détresse spirituelle, tandis que "mains vides" symbolise l'échec total de ses ambitions. L'accumulation des temps morts ("jour après jour") traduit un désespoir existentiel.

Deuxième couplet : « 欲寻芳草去,惜与故人违。 »
Je voudrais partir vers les herbes parfumées,
Mais regrette déjà de quitter mon vieil ami.

Le poète hésite entre la retraite pastorale et l'attachement amical. "Herbes parfumées" symbolise l'idéal érémitique, tandis que "vieil ami" révèle le dilemme déchirant entre liberté et amitié.

Troisième couplet : « 当路谁相假,知音世所稀。 »
Qui parmi les puissants m'accorderait son aide ?
Les âmes sœurs sont rares en ce monde.

Ce couplet dévoile la cause de son échec : l'indifférence des puissants ("qui… m'accorderait") contrastant avec la rareté précieuse des vrais amis ("âmes sœurs"). Le terme "âmes sœurs" (知音), notion clé de la culture lettrée, élève Wang Wei au rang d'ami idéal.

Quatrième couplet : « 只应守寂寞,还掩故园扉。 »
Je dois me résigner à garder ma solitude,
Et refermer la porte de mon vieux jardin.

La conclusion mêle résignation et détermination. "Refermer la porte" agit comme un geste définitif, scellant son choix de la retraite. La circularité avec le premier couplet ("solitude") crée une structure parfaite.

Lecture globale

D'une apparente simplicité, ce poème condense les émotions contradictoires du poète face à l'échec officiel : amertume, hésitation, reconnaissance amicale, et finalement résolution. La force de l'œuvre réside dans son authenticité nue - aucun artifice rhétorique, seulement l'expression directe d'une âme déchirée entre ambitions et amitiés. Les moments les plus poignants ("âmes sœurs sont rares") révèlent combien la valeur humaine transcende les déceptions politiques.

Spécificités stylistiques

  1. Économie expressive : Une langue dépouillée atteignant une intensité maximale
  2. Structure psychologique : Progression logique de la détresse à la résolution
  3. Symbolisme concret : "Herbes parfumées", "porte du jardin" comme métaphores de la retraite
  4. Circularité thématique : La "solitude" ouvre et clôt le poème, créant un effet d'écho

Éclairages

Ce poème offre une méditation intemporelle sur l'échec et la consolation. Il rappelle que lorsque les portes du pouvoir se ferment, celles de l'amitié et de la nature restent ouvertes. Dans notre monde contemporain obsédé par la réussite sociale, Meng Haoran propose une alternative : la quête de sens peut parfois mener à des retraites fécondes. Son choix final n'est pas une défaite, mais une victoire de l'authenticité sur les vanités mondaines. Une leçon de sagesse qui résonne particulièrement à notre époque.

Traducteur de poésie

Xu Yuan-chong

À propos du poète

Meng Hao-ran

Meng Haoran (孟浩然), 689 - 740 après J.-C., originaire de Xiangyang, Hubei, était un célèbre poète de la dynastie Sheng Tang. Meng Haoran, poète exceptionnel sous le règne de l'empereur Kaiyuan, a composé un grand nombre de paysages et de poèmes idylliques afin d'enrichir le sujet de sa poésie.

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