Le Cottage de mon Ami de Meng Haoran

guo gu ren zhuang
Mon ami a préparé un poulet
Et m‘ invite à prendre du millet.
Les arbres verts ombragent son cottage,
Les collines ondoient autour du village.
La porte s'ouvre sur les potagers
On cause de chanvre et mûrier.
Quand viendra le Double Neuf, on aime
À boire ensemble aux chrysanthèmes.

Poème chinois

「过故人庄」
故人具鸡黍, 邀我至田家。
绿树村边合, 青山郭外斜。
开轩面场圃, 把酒话桑麻。
待到重阳日, 还来就菊花。

孟浩然

Explication du poème

Écrit sous le règne de Kaiyuan (713-741) alors que Meng Haoran menait une vie retirée près du mont Lumen à Xiangyang (Hubei), ce poème immortalise une visite à un ami dans un hameau montagneux. Chef-d'œuvre de la poésie pastorale chinoise, il peint avec une simplicité profonde les paysages champêtres et l'amitié sincère, révélant sous son apparente banalité une émotion subtile et une composition picturale raffinée.

Premier couplet : « 故人具鸡黍,邀我至田家。 »
Mon vieil ami a préparé poulet et millet, M'invitant en sa demeure campagnarde.

D'une franchise toute rustique, ces vers plantent le décor. Le modeste repas ("poulet et millet"), symbole d'hospitalité sincère, révèle d'emblée l'authenticité des relations et le charme simple de la vie aux champs.

Deuxième couplet : « 绿树村边合,青山郭外斜。 »
Village ceint d'arbres verdoyants, Au-delà des murs, les monts bleus s'inclinent.

Le poète compose un paysage harmonieux où le cercle intime des arbres répond à la ligne lointaine des montagnes, créant une atmosphère paisible qui prépare la scène conviviale à venir.

Troisième couplet : « 开轩面场圃,把酒话桑麻。 »
La fenêtre s'ouvre sur champs et potager, Verre en main, nous parlons mûriers et chanvre.

La conversation simple sur les cultures ("mûriers et chanvre") incarne l'essence même de cette vie pastorale idéale, où l'amitié se nourrit de la communion avec la nature.

Quatrième couplet : « 待到重阳日,还来就菊花。 »
J'attendrai le Double Neuf, Pour revenir aux chrysanthèmes.

Cette promesse saisonnière (le "Double Neuf" est une fête automnale) scelle l'amitié dans le cycle naturel, exprimant un attachement profond à ce mode de vie.

Lecture globale

Dans sa narration apparemment simple, ce poème recèle une profondeur émotionnelle et une fraîcheur de vision remarquables. Le poète dépeint un paradis pastoral idéalisé où repas rustique, paysages boisés et conversations sur l'agriculture composent une symphonie de simplicité heureuse. Sans jamais mentionner explicitement la joie ou l'affection, chaque caractère respire le bonheur de cette vie authentique et la chaleur de cette amitié. Cette "écriture par suggestion", caractéristique de l'art poétique chinois, donne à l'œuvre une résonance particulièrement durable et universelle. Le poème atteint ainsi cette qualité essentielle de la poésie Tang : exprimer l'infini dans le fini, le profond dans l'apparemment superficiel.

Spécificités stylistiques

  1. Économie expressive : Un langage dépouillé où chaque mot porte une charge émotionnelle maximale
  2. Harmonie structurelle : Alternance parfaite entre scènes d'intérieur (repas) et paysages extérieurs
  3. Symbolisme concret : Les éléments simples (poulet, millet, chrysanthèmes) deviennent porteurs de valeurs universelles
  4. Temporalité circulaire : Le poème s'ouvre et se clôt sur des rituels (repas/fête) qui ancrent l'amitié dans le cycle des saisons

Éclairages

Ce poème transcende son époque pour parler à notre modernité : il rappelle que le vrai bonheur réside souvent dans les choses les plus simples - une table partagée, un paysage contemplé ensemble, une conversation sans prétention. Dans notre monde hyperconnecté mais souvent superficiel, il réhabilite la valeur des relations authentiques et le rythme lent des saisons. Plus qu'un tableau pastoral, ce poème offre une philosophie de vie : le secret de la plénitude pourrait bien se trouver dans cette capacité à savourer l'instant présent, à cultiver l'amitié vraie, et à rester en harmonie avec les cycles naturels. Une leçon de sagesse toujours actuelle.

Traducteur de poésie

Xu Yuanchong

À propos du poète

Meng Hao-ran

Meng Haoran (孟浩然), 689 - 740 après J.-C., originaire de Xiangyang, Hubei, était un célèbre poète de la dynastie Sheng Tang. Meng Haoran, poète exceptionnel sous le règne de l'empereur Kaiyuan, a composé un grand nombre de paysages et de poèmes idylliques afin d'enrichir le sujet de sa poésie.

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