Passant par le Mont du Nord de Wang Wan

ci bei gu shan xia
Au-deià des monts verts va mon bateau,
Qui fait la voile sur l'azur de l'eau.
Les rives s'élargent, marée montante;
La voile dans la brise droit pend.
Le jour est né de la nuit mourante;
L' année passée envahie par le printemps.
Comment va ma lettre à mon ermitage?
Apportez-la à l'ouest, mes oies sauvages!

Poème chinois

「次北固山下」
客路青山外,行舟绿水前。
潮平两岸阔,风正一帆悬。
海日生残夜,江春入旧年。
乡书何处达?归雁洛阳边。

王湾

Explication du poème

Composé au début du VIIIe siècle lors d'un voyage de Wang Wan de Chang'an vers la région de Wu, ce poème naquit alors que le poète passait au pied du mont Beigu (aujourd'hui au nord de Zhenjiang, Jiangsu). Situé au confluent du Yangtsé et du Grand Canal, ce lieu stratégique inspira au voyageur une méditation empreinte de nostalgie devant les vastes paysages fluviaux et les premières marées printanières.

Premier distique : « 客路青山外,行舟绿水前。 »
Kè lù qīng shān wài, xíng zhōu lǜ shuǐ qián.
La route du voyageur s'étend au-delà des monts verts,
Ma barque avance sur les eaux émeraude.

Ces vers ancrés dans le titre dépeignent la navigation le long des contreforts montagneux. "Monts verts" (青山) désigne le Beigu, "eaux émeraude" (绿水) le Yangtsé. Cette évocation limpide situe géographiquement le périple tout en suggérant la mélancolie du voyageur.

Deuxième distique : « 潮平两岸阔,风正一帆悬。 »
Cháo píng liǎng àn kuò, fēng zhèng yī fān xuán.
La marée égalise les rives, l'horizon s'élargit,
Vent favorable - une voile unique se dresse.

Le mouvement ("marée", "vent") crée une sérénité dynamique. L'image de la voile solitaire (一帆悬) portée par les éléments traduit autant la fluidité du voyage que la solitude du poète.

Troisième distique : « 海日生残夜,江春入旧年。 »
Hǎi rì shēng cán yè, jiāng chūn rù jiù nián.
Le soleil marin naît des dernières ombres,
Le printemps fluvial pénètre l'an révolu.

Ces vers-clés opposent la nuit résiduelle (残夜) à l'aube naissante, l'ancienne année (旧年) au renouveau printanier. Cette dialectique naturelle, où s'entrelacent fin et commencement, reflète les métamorphoses intimes du voyageur.

Quatrième distique : « 乡书何处达?归雁洛阳边。 »
Xiāng shū hé chù dá? Guī yàn Luòyáng biān.
Où faire parvenir mes lettres natales ?
Aux oies sauvages retournant vers Luoyang.

L'observation des oies migratrices (归雁) inspire cette évocation touchante du "message par oies sauvages", allégorie classique de la nostalgie. Le désir de rattacher l'exil au foyer s'élève ici à la hauteur d'un symbole universel.

Lecture globale

Ce poème construit habilement une progression à partir des observations faites en voyage. Des paysages montagneux et fluviaux, il évoque des scènes de marée calme et de voiles droites ; des lueurs matinales, il s'étend au changement des saisons, pour finalement culminer dans l'émotion nostalgique. Le poète, avec un langage clair et vivant, fusionne magistralement les paysages du voyage dans le Jiangnan avec les sentiments du cœur, donnant au lecteur l'impression d'y être transporté, éprouvant cette beauté fluide et cette profonde nostalgie.

Le vers "Le soleil marin naît des restes de nuit, Le printemps du fleuve entre dans l'an révolu" est considéré par la postérité comme un "vers magistral", apportant par son angle novateur et ses strates d'images une touche exceptionnelle à l'ensemble. Le poème allie rigueur formelle et fusion du paysage et des sentiments, offrant à la fois la beauté picturale et la profondeur émotionnelle.

Spécificités stylistiques

Ce poème présente une structure rigoureuse et des niveaux distincts, passant naturellement du paysage à l'émotion. Son langage est frais et fluide, avec des parallélismes rigoureux et un choix de mots raffiné, particulièrement dans le vers magistral "Le soleil marin naît des restes de nuit, Le printemps du fleuve entre dans l'an révolu", dont l'image est novatrice et la fusion paysage-sentiment remarquable. Le poète excelle à utiliser les paysages naturels pour refléter les émotions intérieures, transformant les observations du voyage en sentiments nostalgiques, exprimant une profondeur discrète et une résonance durable.

Éclairages

Ce poème éveille l'émotion par le paysage et nourrit le paysage par l'émotion, révélant cette profonde préoccupation pour la patrie dans les "réflexions du voyageur" des anciens. Il nous rappelle que, où que nous soyons, les sentiments pour notre terre natale ne s'estompent pas avec le temps. Dans la société moderne, ce désir de foyer et ce sentiment d'appartenance restent profondément ancrés dans le cœur des hommes. La manière dont le poète exprime ses émotions avec un rythme vif et des images limpides nous inspire également : dans l'expression des sentiments, nous pouvons créer des œuvres poétiques plus touchantes en utilisant des images concises mais puissantes qui suscitent l'écho des cœurs.

Traducteur de poésie

Xu Yuanchong

À propos du poète

Wang Wan (王湾), dont les dates de naissance et de décès sont inconnues, était originaire de Luoyang. Il a été admis comme jinshi en 712 après Jésus-Christ. Ses poèmes étaient très célèbres à l'époque.

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