Quand it pleut au sud au printemps,
Qui voit votre allure neigeuse?
Il y a bien des plantes en rang;
Le cœur creux, votre âme est heureuse.
Ivre d'accompagner les sages,
Et tachetée des pleurs des reines,
Vous appréciez la fin de l’âge.
De vigueur votre tige est pleine.
Poème chinois
「酬人雨后玩竹」
薛涛
南天春雨时,那鉴雪霜姿。
众类亦云茂,虚心宁自持。
多留晋贤醉,早伴舜妃悲。
晚岁君能赏,苍苍劲节奇。
Explication du poème
Ce poème de Xue Tao, talentueuse poétesse de la fin des Tang, adopte le thème apparemment conventionnel de "remercier un ami" à travers la contemplation des bambous après la pluie. Dans la tradition culturelle chinoise, le bambou symbolise la vertu du gentilhomme. La poétesse, en célébrant le bambou, y projette ses propres aspirations et réflexions sur la vie.
Premier distique : « 南天春雨时,那鉴雪霜姿。 »
Nán tiān chūn yǔ shí, nǎ jiàn xuě shuāng zī.
Sous les pluies printanières du ciel méridional, Où contempler votre prestance hivernale ?
L'ouverture interroge : comment admirer la résistance hivernale du bambou durant les pluies printanières ? Cette question rhétorique exprime l'admiration de la poétesse pour la ténacité du bambou, métaphore de sa propre quête de fermeté morale.
Second distique : « 众类亦云茂,虚心宁自持。 »
Zhòng lèi yì yún mào, xū xīn níng zì chí.
Toutes les plantes rivalisent de luxuriance - Seul le bambou, creux et droit, garde sa constance.
Alors que la végétation s'épanouit dans une exubérance passagère, le bambou maintient sa rectitude et son humilité ("creux" évoquant à la fois sa forme physique et sa modestie spirituelle), incarnant une vertu inébranlable.
Troisième distique : « 多留晋贤醉,早伴舜妃悲。 »
Duō liú Jìn xián zuì, zǎo bàn Shùn fēi bēi.
Compagnon des Sages ivres des Jin, Témoin précoce des larmes impériales.
Deux allusions historiques s'entrelacent : les Sept Sages de la forêt de bambous (symboles de liberté intellectuelle) et les épouses légendaires de l'empereur Shun (figures de loyauté absolue). À travers elles, Xue Tao exprime à la fois ses idéaux et ses mélancolies personnelles.
Quatrième distique : « 晚岁君能赏,苍苍劲节奇。 »
Wǎn suì jūn néng shǎng, cāng cāng jìng jié qí.
À l'hiver de la vie, vous saurez apprécier Son nœud vigoureux, d'un vert si particulier.
Le poème culmine dans l'évocation des "nœuds" du bambou - symboles de résistance morale qui ne se révèlent pleinement qu'avec l'épreuve du temps, tout comme la profondeur d'une âme se dévoile aux véritables connaisseurs.
Lecture globale
Ce poème érige le bambou en miroir de l'âme, célébrant autant sa beauté formelle que sa fermeté spirituelle. Xue Tao, avec la sensibilité particulière d'une poétesse femme, fusionne l'idéal du bambou avec son propre paysage intérieur. Les allusions historiques s'y intègrent avec naturel, transformant ce chant végétal en une méditation existentielle d'une rare profondeur.
Spécificités stylistiques
L'art de Xue Tao réside dans son usage subtil des références culturelles ("Sages des Jin", "Épouses de Shun") qui s'insèrent sans pesanteur dans le tissu poétique. Les images (pluie printanière, nœuds du bambou) créent un dialogue constant entre apparence et essence. Le ton, élégant sans affectation, porte une réflexion morale qui transcende le simple éloge descriptif.
Éclairages
Plus qu'un poème sur le bambou, cette œuvre est un manifeste existentiel. Xue Tao nous enseigne que la véritable noblesse résiste aux saisons changeantes de la vie comme le bambou défie les intempéries. Son invitation à cultiver "la rectitude des nœuds" intérieurs résonne particulièrement dans nos sociétés modernes où les valeurs s'effritent. À l'image du bambou qui ploie mais ne rompt point, le poème suggère que la force authentique allie flexibilité et constance - une leçon intemporelle.
Traducteur de poésie
Xu Yuanchong(许渊冲)
À propos du poète
Xue Tao (薛涛), vers 768 - 832, était une poétesse de la dynastie Tang, originaire de Xi'an, dans la province de Shaanxi. Elle vivait à Chengdu, près du ruisseau de la fleur de raton laveur. Elle était douée pour la poésie et nombre de ses poèmes étaient consacrés à des objets, exprimant ses caractéristiques émotionnelles de recherche de la pureté et de la pureté.