On Languit d’Amour de Li Yu

chang xiang si · yun yi gua
    Les cheveux relevés en nuage
Ornés d’une épingle et d’un ruban de soie,
Vêtue d’un léger corsage
En gaze fine, elle fronce ses sourcils noirs.

Le vent d'automne souffle fort,
Accompagné de grosse pluie.
Les bananiers tremblent au-dehors.
Que fera-t-elle de la longue nuit?

Poème chinois

「长相思 · 云一緺」
云一緺,玉一梭,淡淡衫儿薄薄罗。轻颦双黛螺。
秋风多,雨相和,帘外芭蕉三两窠。夜长人奈何!

李煜

Explication du poème

Ce ci constitue un exemple typique de poème de mélancolie féminine, dépeignant une femme en proie à la nostalgie solitaire lors d'une nuit d'automne, le cœur empli de tristesse. Le vent d'automne murmure, accompagné d'une fine pluie, tandis que les bananiers au-delà de la fenêtre accentuent son isolement, reflétant sa solitude intérieure et son désarroi. L'ensemble, d'une grande finesse émotionnelle, exprime avec des touches délicates et subtiles le regret contenu de la femme.

Première strophe : « 云一緺,玉一梭,淡淡衫儿薄薄罗。轻颦双黛螺。 »
Yún yī guā, yù yī suō, dàn dàn shān er báo báo luó. Qīng pín shuāng dài luó.
Une torsade de nuage, une navette de jade,
Robe aux teintes pâles, gaze légère.
*Un léger pli vient rider les sourcils d'onyx.

Ces vers dépeignent l'apparence et la parure de la femme, révélant une image de douceur et d'élégance discrète. « Nuage en torsade, navette de jade » utilise le "nuage" comme métaphore de la chevelure torsadée et la "navette de jade" pour décrire l'épingle à cheveux, créant des images à la fois visuelles et poétiques. « Robe pâle, gaze légère » montre la délicatesse de ses vêtements, suggérant sans la nommer une beauté raffinée. Le dernier vers « sourcils d'onyx légèrement froncés » opère une transition vers l'intériorité : le léger froncement de sourcils trahit une mélancolie latente, préparant le développement émotionnel de la strophe suivante.

Deuxième strophe : « 秋风多,雨相和,帘外芭蕉三两窠。夜长人奈何! »
Qiū fēng duō, yǔ xiāng hé, lián wài bā jiāo sān liǎng kē. Yè cháng rén nài hé!
Vents d'automne nombreux, pluie en harmonie,*
Au-delà du rideau, quelques bananiers solitaires.
*Nuit interminable - que peut l'être humain ?

Cette strophe bascule vers la description de l'environnement, créant une atmosphère froide et mélancolique à travers le vent d'automne, la pluie et les bananiers. « Vents d'automne nombreux, pluie en harmonie » évoque la froideur automnale où vent et pluie se répondent, intensifiant la tristesse. « Quelques bananiers derrière le rideau » est particulièrement significatif : le bananier, traditionnellement associé à la mélancolie, apparaît ici dans sa solitude, son image rendue plus poignante encore par le bruit de la pluie sur ses feuilles. « Nuit longue - que peut l'homme ? » forme le point culminant émotionnel : l'exclamation sur la longueur de la nuit et l'impuissance humaine, brève mais d'une intense résonance, comme un soupir de femme dans la nuit infinie, exprimant à la fois la résignation et une profonde douleur.

Lecture globale

Bien que linguistiquement simple, ce poème possède une profondeur émotionnelle remarquable. À travers le portrait féminin, l'ambiance environnante et l'expression des sentiments, il dépeint par touches successives la solitude et la nostalgie d'une femme dans la nuit d'automne. La première strophe campe le personnage dans son élégance discrète, tandis que la seconde, par le paysage, amplifie la tristesse. La conclusion en forme de soupir, sobre mais ouverte, laisse une durable impression.

Spécificités stylistiques

  1. Structure précise, langue épurée : Le poème utilise des termes simples et directs, mais crée une atmosphère d'une grande richesse suggestive.
  2. Union du subjectif et de l'objectif : La première partie décrit la personne, la seconde son environnement, liant intimement état psychologique et paysage.
  3. Usage des redoublements : Les termes redoublés « pâle pâle » et « mince mince » renforcent la musicalité tout en affinant la description.
  4. Finale en suspens : La dernière exclamation, bien que brève, condense avec une intensité maximale la détresse et l'impuissance, laissant l'émotion se prolonger au-delà des mots.

Éclairages

Ce poème, adoptant le point de vue féminin, exprime les regrets et les peines d'une femme durant la longue nuit d'automne, sans jamais expliciter la cause précise de sa tristesse. Cette manière subtile et contenue de manifester les émotions constitue précisément la marque distinctive de la poésie classique chinoise. En appréciant cette œuvre, nous percevons l'art unique qu'a la poésie chinoise d'exprimer l'émotion à travers les choses. Cette technique, qui influence durablement la création poétique ultérieure, nous rappelle combien la suggestion peut surpasser l'expression directe.

Traducteur de poésie

Xu Yuanchong(许渊冲)

À propos du poète

Li Yu

Li Yu (李煜) (937 - 978 AD), empereur de la dynastie des Tang du Sud, était un artiste aux multiples talents, doué pour la calligraphie et la peinture, pour la poésie et les textes, et pour la musique. Ses poèmes, en particulier ceux de la fin de sa vie, exprimaient principalement ses sentiments uniques face à la vie, la tristesse de perdre son pays, le chagrin de ne pas pouvoir maîtriser sa propre vie, le vide et la désillusion de son destin, ainsi que la tristesse et le désespoir de sa vie.

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