En cueillant des lotus, la fille de Yue s'avance ;
Voyant du monde, sa gaffe troue l'eau en cadence.
Dans les fleurs de nymphéa son rire se disperse ;
Sous un faux air timide, à nous montrer elle tergiverse.
Poème chinois
「越女词 · 其三」
李白
耶溪采莲女,见客棹歌回。
笑入荷花去,佯羞不出来。
Explication du poème
Ce poème fut composé par Li Bai lors de ses voyages dans la région de Wu-Yue. Séduit par la grâce des jeunes femmes et les coutumes locales, le poète immortalise avec vivacité l'attitude espiègle des cueilleuses de lotus. Cette région, traversée de rivières et de lacs, voyait ces jeunes filles récolter des lotus dans un cadre à la fois laborieux et poétique. Li Bai, d'un pinceau léger et enjoué, fige cette scène dans son poème, capturant l'esprit unique des paysages aquatiques du Jiangnan.
Premier couplet : « 耶溪采莲女,见客棹歌回。 »
Yē xī cǎi lián nǚ, jiàn kè zhào gē huí.
Les filles cueillant le lotus sur la rivière Ye,
À la vue du passant, voguent en chantant.
Le poème s'ouvre sur l'identité des cueilleuses de lotus et décrit leur réaction à l'approche d'un étranger. « Voguent en chantant » dépeint vivement leur geste à la fois espiègle et réservé, comme si elles cherchaient à attirer l'attention par leur chant tout en s'éloignant avec une pudeur typique des jeunes filles de Wu-Yue, pleines de vivacité et de charme.
Deuxième couplet : « 笑入荷花去,佯羞不出来。 »
Xiào rù hé huā qù, yáng xiū bù chū lái.
Riant, elles se cachent parmi les fleurs de lotus,
Feignant la pudeur, refusant de sortir.
Les jeunes filles, espiègles, se dissimulent dans les lotus, affichant une réserve teintée de malice. « Feignant la pudeur » est d'une grande expressivité : derrière une apparente timidité se cache un jeu de séduction, trahissant une émotion juvénile et rendant la scène aussi naturelle que vivante.
Lecture globale
D'un pinceau concis et vivant, ce poème brosse un tableau de jeunes filles cueillant des lotus au Jiangnan, captant leur innocence enjouée. Le poète saisit avec finesse leurs émotions : leur réaction à l'arrivée d'un passant est dépeinte avec une vivacité remarquable. « Voguent en chantant » montre leur adresse, « riant, elles se cachent » illustre leur espièglerie, et « feignant la pudeur » révèle leurs sentiments secrets, comme si l'on pouvait deviner leur regard furtif derrière les lotus. Cette description pleine de charme donne au poème à la fois un parfum de vie quotidienne et une beauté poétique.
Spécificités stylistiques
- Style dépouillé, langue concise : En quelques mots, le poète esquisse la grâce des filles du Jiangnan, sans fioritures ni effets exagérés, d'une fraîcheur naturelle.
- Jeu entre mouvement et immobilité, image vivante : Les gestes des filles, d'abord vifs et espiègles, puis feignant la réserve, créent une scène aux multiples niveaux.
- Scène et sentiment mêlés, riche en atmosphère : L'interaction entre les lotus, les cueilleuses et le passant emplit cette scène de poésie et ouvre un large espace à l'imagination.
Éclairages
En dépeignant l'image vivante des cueilleuses de lotus du Jiangnan, ce poème ne présente pas seulement les coutumes uniques de la région de Wu-Yue, mais transmet aussi une beauté pure et naturelle. À travers une langue simple et une mise en scène habile, le poète nous fait percevoir la grâce innocente des jeunes filles et l'harmonie entre l'humain et la nature. Cette manière de décrire, à la fois simple et vivante, nous inspire à accorder une attention particulière à la depiction des détails dans la création et l'appréciation littéraires, afin de parvenir à une fusion parfaite entre l'émotion et l'image.
À propos du poète
Li Bai (李白), 701 - 762 apr. Li Bai a porté la poésie chinoise classique, en particulier la poésie romantique, à son apogée et a influencé des générations de lettrés exceptionnels dans le passé et le présent grâce à ses remarquables réalisations.