Adieu de Liu Fangping

song bie · liu fang ping
Ce matin, le ciel lavé emplit de clarté la terrasse fleurie,  
La vergue du navire se perd dans les nuages lointains.

Ne t’étonne si la montagne alterne profondeurs et bas-fonds,
La rivière Huai, limpide, deux fois par jour voit la marée monter et descendre.

Poème chinois

「送别」
华亭霁色满今朝,云里樯竿去转遥。
莫怪山前深复浅,清淮一日两回潮。

刘方平

Explication du poème

Ce poème fut composé autour de la deuxième année de l'ère Qianyuan (759) sous l'empereur Suzong des Tang. À cette époque, la révolte d'An Lushan n'était pas encore réprimée, la dynastie Tang passait de la prospérité au déclin, les guerres étaient fréquentes et le peuple souffrait. Liu Fangping, évoluant dans ce contexte historique, ne connut pas une carrière prospère, errant souvent en simple commoner à divers endroits, fréquentant des lettrés et contemplant les paysages du Jianghuai. L'Adieu (送别) est le fruit de ces temps troublés. Les séparations entre amis et proches étaient devenues monnaie courante ; ce poème fut écrit alors que le poète disait au revoir à un ami près de la rivière Huai, exprimant through le paysage l'affection des lettrés à l'ère des troubles et leurs vœux pour l'avenir.

Premier distique : « 华亭霁色满今朝,云里樯竿去转遥。 »
Huá tíng jì sè mǎn jīn zhāo, yún lǐ qiáng gān qù zhuǎn yáo.
"Le pavillon Hua baigné de lumière après la pluie en ce matin ;
Les mâts dans les nuages s'éloignent et disparaissent."

Le début peint d'abord une scène radieuse pour brosser l'ambiance des adieux. Le pavillon Hua, situé dans l'actuel comté de Wu au Jiangsu, est un site célèbre du Jiangnan aux paysages enchanteurs. Le poète utilise "lumière après la pluie" (霁色) pour décrire un ciel clair, plaçant la scène des adieux sous un beau temps lumineux. Cependant, la phrase "mâts dans les nuages" (云里樯竿), alors que les mâts disparaissent peu à peu, laisse sourdre l'émotion de la séparation dans le paysage. Beauté scénique et tristesse sentimentale forment un contraste.

Second distique : « 莫怪山前深复浅,清淮一日两回潮。 »
Mò guài shān qián shēn fù qiǎn, qīng huái yī rì liǎng huí cháo.
"Ne t'étonne pas des profondeurs et bas-fonds devant les montagnes ;
La claire Huai voit deux marées par jour."

Le second distique passe du paysage à la métaphore, dépeignant à la fois une scène réelle et véhiculant une philosophie. Les marées des rivières, deux fois par jour, symbolisent les fluctuations de la vie et l'impermanence des affaires mondaines, évoquant aussi les tribulations du voyage de l'ami. Cependant, le poète ne sombre pas dans la tristesse, mais utilise les "marées" (潮) pour suggérer que la vie a ses hauts et ses bas mais suit sa propre logique, exprimant son encouragement et ses vœux pour l'avenir de l'ami.

Lecture globale

Bien que ne comptant que vingt-huit caractères, L'Adieupossède une structure remarquablement stratifiée.​​ Le premier distique dépeint la clarté lumineuse du pavillon Hua et le bateau s'éloignant au loin, brossant un tableau à la fois vaste et radieux, où le simple mot "s'estomper" (转遥) recèle pourtant une infinie mélancolie de séparation. Le second distique, s'appuyant sur l'image des montagnes et des marées, développe une réflexion philosophique sur l'existence, exprimant encouragement et réconfort envers l'ami. L'ensemble du poème peint l'émotion à travers le paysage, doté ​​d'une portée symbolique profonde et durable​​ ; il n'accumule pas la tristesse par une expression directe du chagrin de la séparation, mais reflète les vicissitudes de la vie à travers les phénomènes naturels, déployant un ton à la fois réservé et sublime. Alliant la fraîcheur et l'élégance caractéristiques des poèmes d'adieu des Tang à une méditation philosophique, il est ainsi devenu une œuvre ​​qui a traversé les âges​​ de Liu Fangping.

Spécificités stylistiques

  • Émotion dans le paysage, réel et irréel mêlés
    Le poète commence par la scène radieuse du pavillon Hua et les mâts dans les nuages, intégrant l'émotion de l'adieu dans la description du paysage, sans expression directe mais implicite et perpétuelle.
  • Recours à la nature pour exprimer la raison, implicite et profonde
    Utiliser les marées comme métaphore des fluctuations mondaines, reflétant l'impermanence de la vie, montrant l'approche stylistique de "voir le grand dans le petit".
  • Langage concis et condensé, signification riche
    Quatre brefs vers dépeignent non seulement la scène des adieux, mais contiennent aussi réconfort pour l'ami et réflexion philosophique sur la vie, montrant la haute maîtrise langagière du poète.
  • Ton mêlant tristesse et grandeur
    Mélancolie de la séparation, mais aussi grandeur d'âme et raison philosophique, sans tomber dans une tristesse unique.

Éclairages

Cette œuvre nous enseigne que sur le chemin de la vie, séparations et retrouvailles sont monnaie courante. Face à l'impermanence des affaires mondaines, il faut accepter avec un cœur magnanime, comme les marées de la claire Huai, fluctuant avec le temps sans perdre leur logique. Le poète exprime une profonde affection through la description du paysage, nous disant : l'adieu est difficile, mais l'amitié ne meurt pas ; les vicissitudes abondent, mais l'état d'esprit peut rester large. Ce poème rappelle encore aujourd'hui d'aborder les séparations et les rencontres de la vie avec une attitude positive et inclusive.

À propos du poète

Liu Fangping

Liu Fangping (刘方平 env. 742 – env. 785), originaire de Luoyang dans le Henan. Poète ermite et peintre à la charnière entre le Haut et le Moyen Tang, il se distingua par un style poétique délicat et subtil, habile à dépeindre les lamentations de gynécée et les nuits lunaires. Bien que seuls 26 de ses poèmes subsistent dans les Poèmes complets des Tang, des œuvres comme Nuit de lune et Plainte printanière lui assurèrent une place dans le canon de la poésie tang. Acclamé comme « la voix pure du Haut Tang et l’annonce du Moyen Tang », sa poésie fusionna la lucidité du style Qi-Liang avec la sérénité zen, influençant profondément la tradition lyrique ci postérieure et la littérature féminine de l’ère Heian au Japon.

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