Inscription sur le mur de Maître Huyin II ​​de Wang Anshi

shu hu yin xian sheng bi ii
Les branches de mûrier se fanent en silence,
Les fleurs de lilas répandent leur parfum que le vent porte discrètement par-dessus le mur.
Quelques chants d’oiseaux jaunes interrompent mon rêve de midi —
Je doute encore si je ne suis pas dans le jardin de Banshan.

Poème chinois

「书湖阴先生壁 · 其二」
桑条索漠楝花繁,风敛余香暗度垣。
黄鸟数声残午梦,尚疑身属半山园。

王安石

Explication du poème

Ce poème fait partie d'une série de vers calligraphiés sur les murs de la demeure de son voisin Yang Defeng, dit "Maître Yin du Lac". À travers la description des éléments naturels dans la cour, il célèbre la noblesse de caractère et les goûts raffinés de l'hôte, tout en exprimant la sérénité du poète après son retrait des affaires mondaines. Ce poème particulier privilégie l'évocation et la méditation, avec une émotion subtile et une résonance infinie.

Premier couplet : « 桑条索漠楝花繁,风敛余香暗度垣。 »
Sāng tiáo suǒ mò liàn huā fán, fēng liǎn yú xiāng àn dù yuán.
"Les branches de mûrier, clairsemées et ternes ; les fleurs de margousier en pleine floraison.
La brise s'apaise, laissant un reste de parfum franchir furtivement le mur."

Ce couplet peint un paysage de début d'été dans la cour. Les branches de mûrier "clairsemées et ternes" suggèrent l'avancée de la saison, tandis que les fleurs de margousier "en pleine floraison" évoquent l'éclat de la vie, créant un contraste de tons et d'atmosphères. Le parfum imperceptible qui "franchit furtivement le mur" ajoute une dimension à la fois dynamique et intangible, particulièrement délicate. L'ensemble forme une image picturale tout en évoquant subtilement les vicissitudes du temps.

Deuxième couplet : « 黄鸟数声残午梦,尚疑身属半山园。 »
Huáng niǎo shù shēng cán wǔ mèng, shàng yí shēn shǔ bàn shān yuán.
"Quelques chants d'oiseaux jaunes interrompent mon rêve de midi ;
Je doute encore : mon corps appartient-il au jardin Banshan ?"

Ce couplet bascule vers l'expression des sentiments, partant d'un rêve interrompu pour exprimer une nostalgie profonde. Les cris d'oiseaux brisent le rêve, mêlant réalité et illusion, au point que le poète ne sait plus où il se trouve. Cette confusion révèle son attachement à la vie retirée à Banshan et une réticence implicite à revenir à la réalité tumultueuse.

Lecture globale

Bien que bref, ce poème mural est riche en émotion et en réflexion philosophique. Le premier couplet, passant du concret à l'abstrait, dépeint avec quiétude et élégance les environs de la demeure du Maître Yin. Le second couplet, avec son rêve interrompu et son doute sur l'appartenance, exprime une nostalgie profonde de la vie retirée. Paysage et émotion s'entremêlent, créant une atmosphère à la fois distante et chaleureuse, légère et profonde.

Le poète ne décrit pas directement son hôte, mais utilise les fleurs, les oiseaux et les rêves pour évoquer indirectement son mode de vie raffiné et paisible, tout en exprimant sa propre admiration pour cette existence et son sentiment d'appartenance. Structurellement, le poème passe naturellement des scènes diurnes aux rêves, avec une transition fluide entre réel et imaginaire, et une progression émotionnelle qui révèle une beauté subtile.

Spécificités stylistiques

  • Émotion dans le paysage, entrelacement de réel et d'imaginaire
    Le poète commence par décrire la nature pour exprimer ses sentiments. Le premier couplet est précis et évocateur, le second plus léger mais émouvant grâce au "doute" du rêve, créant une complémentarité entre concret et abstrait.
  • Composition délicate, langage simple et naturel
    Sans utiliser de mots comme "tristesse" ou "nostalgie", le poème exprime pourtant une mélancolie subtile. Des expressions comme "le reste de parfum" ou "quelques chants d'oiseaux" sont des modèles de concision expressive, capturant avec discrétion les fluctuations de l'âme du poète.
  • Contraste et transition implicites
    Le contraste entre les "branches clairsemées" et les "fleurs en pleine floraison" évoque le passage du temps et le cycle de la vie ; le "doute" entre le rêve et la réalité soulève des questions sur le voyage de la vie et le sentiment d'appartenance. Bien que court, le poème est profond.
  • Harmonie phonétique, rythme apaisé
    Bien qu'il s'agisse d'un quatrain heptasyllabique, le rythme est détendu, comme une promenade dans une cour d'après-midi, respirant des parfums et glissant doucement dans le rêve. Les tonalités fluides et mélodieuses se lisent comme une brise légère.

Éclairages

La véritable paix et satisfaction ne résident pas dans la gloire lointaine, mais souvent dans la nature paisible et une vie simple. La sagesse de l'existence réside dans un esprit serein, satisfait de ce qu'il a. À travers les oiseaux jaunes, les rêves interrompus et les parfums discrets, Wang Anshi nous transmet un état d'esprit "retiré mais non stérile, isolé mais non solitaire". Ce poème nous apprend à apprécier la beauté du quotidien, à chérir les personnes qui nous entourent, et à ressentir cette palpitation émotionnelle indicible entre "appartenance" et "rêve", ainsi que la saveur de la vie.

​À propos du poète​

Wang Anshi

Wang Anshi​​ (王安石, 1021 - 1086), originaire de Linchuan dans le Jiangxi, fut un éminent homme politique et lettré des Song du Nord. Figure centrale des "Réformes de Xining", son œuvre littéraire reflète tout autant l'acuité réformatrice que la profondeur philosophique de son esprit. Son Recueil de Linchuan, comprenant plus d'un millier de poèmes et écrits en prose, constitue l'expression la plus aboutie de l'esprit des lettrés-fonctionnaires de l'ère Song du Nord.

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