Inscription sur le mur de Maître Huyin I ​​de Wang Anshi

shu hu yin xian sheng bi i
Le toit de chaume, balayé sans cesse, reste net de mousse,
Les fleurs et les arbres, alignés en rangées, plantés de sa main.
Une rivière entoure les champs d’un ruban vert,
Deux montagnes poussent la porte pour offrir leur azur.

Poème chinois

「书湖阴先生壁 · 其一」
茅檐长扫净无苔,花木成畦手自栽。
一水护田将绿绕,两山排闼送青来。

王安石

Explication du poème

Ce poème fut composé sous le règne de Yuanfeng (vers 1079-1082) de la dynastie des Song du Nord, après que Wang Anshi eut démissionné de son poste de Premier ministre et se fut retiré sur le mont Zhong près de Jinling. À cette époque, il entretenait des relations amicales avec son voisin Yang Defeng, dit "Maître Yin du Lac", et ils échangeaient fréquemment des poèmes en signe d'estime mutuelle. Cette œuvre fut improvisée par Wang Anshi après une visite à la demeure du Maître Yin et inscrite sur son mur, célébrant à la fois la sérénité de sa résidence et la noblesse de son caractère, tout en révélant la quiétude du poète après son retrait de la vie publique.

Premier couplet : « 茅檐长扫净无苔,花木成畦手自栽。 »
Máo yán cháng sǎo jìng wú tái, huā mù chéng qí shǒu zì zāi.
"Sous l'auvent de chaume, balayé sans cesse - nulle trace de mousse ;
Fleurs et arbres alignés en plates-bandes, plantés de sa propre main."

Ce couplet dépeint le jardin de la demeure, soulignant la diligence et l'élégance simple du maître des lieux. L'expression "balayé sans cesse" (长扫) révèle un entretien méticuleux et quotidien, tandis que "plantés de sa propre main" (手自栽) met en valeur son autonomie et son investissement personnel. À travers la propreté et l'ordre du lieu, se dessine en filigrane la pureté intérieure et la discipline de l'hôte.

Deuxième couplet : « 一水护田将绿绕,两山排闼送青来。 »
Yī shuǐ hù tián jiāng lǜ rào, liǎng shān pái tà sòng qīng lái.
"Un cours d'eau veille sur les champs, enroulant leur verdure ;
Deux montagnes, franchissant d'elles-mêmes le seuil, offrent leur azur."

Le second couplet élargit le cadre à l'environnement naturel. "Veille sur les champs" (护田) et "enroulant" (绕) dépeignent la rivière comme une entité protectrice, dynamique et bienveillante. "Franchissant le seuil" (排闼) personnifie les montagnes en hôtes spontanés, déversant généreusement leur éclat verdoyant dans l'espace domestique. Cette personnification ingénieuse traduit l'harmonie fusionnelle entre l'humble demeure et le paysage grandiose, reflétant la symbiose spirituelle du maître avec la nature.

Lecture globale

Ce poème célèbre, par la description du cadre de vie du Maître Yin, son mode d'existence et sa noblesse d'âme. Wang Anshi excelle à révéler l'être à travers son environnement : la pureté du jardin reflète la probité morale, les plantations personnelles témoignent d'une autosuffisance joyeuse, et l'intrusion poétique des montagnes symbolise une communion transcendante avec la nature. D'une simplicité élégante et d'une profondeur subtile, ces vers expriment autant l'admiration pour l'ami ermite que l'aspiration du poète à cette quiétude pastorale, tout en préservant la connivence entre esprits affinés.

Spécificités stylistiques

  • Portrait indirect par le paysage
    La propreté immaculée et le jardin ordonné deviennent miroirs de l'intégrité et de la rigueur intérieure.
  • Personnification lyrique
    La montagne "franchissant le seuil" transforme le paysage en hôte animé, créant une intimité entre l'humain et le naturel.
  • Dépouillement éloquent
    Le langage, exempt d'artifices, épouse la sobriété du sujet - une économie de moyens qui amplifie la résonance philosophique.
  • Dialectique du proche et du lointain
    Le balayage méticuleux (microcosme domestique) répond à l'élan des montagnes (macrocosme naturel), unissant détail concret et vastitude dans une même harmonie.

Éclairages

Ce poème esquisse un idéal de vie où l'humain, en pleine concorde avec la nature, cultive autant son jardin que sa vertu. Il suggère que la beauté authentique naît moins des dons naturels que d'une discipline intérieure et d'une sensibilité accordée au monde. Éloge d'un ami, ces vers sont aussi un manifeste pour une existence recentrée, à l'abri des tumultes - une invitation à faire de son âme un "auvent de chaume" immaculé, sanctuaire contre les vanités du siècle.

​À propos du poète​

Wang Anshi

Wang Anshi​​ (王安石, 1021 - 1086), originaire de Linchuan dans le Jiangxi, fut un éminent homme politique et lettré des Song du Nord. Figure centrale des "Réformes de Xining", son œuvre littéraire reflète tout autant l'acuité réformatrice que la profondeur philosophique de son esprit. Son Recueil de Linchuan, comprenant plus d'un millier de poèmes et écrits en prose, constitue l'expression la plus aboutie de l'esprit des lettrés-fonctionnaires de l'ère Song du Nord.

Total
0
Shares
Prev
Hibiscus des marais​​ de Wang Anshi
mu fu rong

Hibiscus des marais​​ de Wang Anshi

Au bord de l’eau, des centaines d’hibiscus,Teintés d’un rose pâle par la

Next
Inscription sur le mur de Maître Huyin II ​​de Wang Anshi
shu hu yin xian sheng bi ii

Inscription sur le mur de Maître Huyin II ​​de Wang Anshi

Les branches de mûrier se fanent en silence,Les fleurs de lilas répandent leur

You May Also Like