The wind matures the oriole chicks,
The rain plumps the mume fruits,
Noon shadows under fine trees round and clear.
Lowland near mountains, clothes damp, stove smoke dear.
In quietness, crows and kites enjoy their play;
Beyond small bridges, new green splashes away.
Long I lean on rails, by bitter bamboo and reeds,
Dreaming to float on Nine-River’s boat with speed.
Year after year, like swallows in flight,
I drift over desert to lodge on rafters high.
Leave off thoughts of things worldly,
Draw near the wine cup nigh.
Haggard, weary, a southern guest,
I can’t bear to hear music loud and fast.
By the feast, first place mat and pillow,
Let me drunken lie still and mellow.
Poème chinois
「满庭芳 · 夏日溧水无想山作」
风老莺雏,雨肥梅子,午阴嘉树清圆。
地卑山近,衣润费炉烟。
人静乌鸢自乐,小桥外、新绿溅溅。
凭阑久,黄芦苦竹,拟泛九江船。年年。如社燕,飘流瀚海,来寄修椽。
周邦彦
且莫思身外,长近尊前。
憔悴江南倦客,不堪听、急管繁弦。
歌筵畔,先安簟枕,容我醉时眠。
Explication du poème
À trente-sept ans, Zhou Bangyan venait d'être nommé magistrat du district de Lishui. Après avoir quitté la capitale Bianjing en 1087, il avait erré pendant sept ans à travers Luzhou, Jingnan et d'autres régions, connaissant une carrière officielle tumultueuse et un état d'esprit mélancolique. Lishui, située au sud du fleuve Yangtze, était un lieu humide et pluvieux, aux paysages reculés. Un début d'été, le poète visita la montagne Wuxiang et, face à ses forêts splendides et ses paysages déserts, fut submergé par une multitude de pensées. Il écrivit alors ce ci, exprimant à la fois ses sentiments sur les vicissitudes de sa carrière et les regrets et l'impuissance liés à sa vie errante en terre étrangère. Bien que décrivant des scènes délicates et évoquant une atmosphère subtile, ce poème recèle une profonde agitation émotionnelle, représentant typiquement la convergence entre les sentiments personnels de Zhou Bangyan et son art poétique.
Première strophe : « 风老莺雏,雨肥梅子,午阴嘉树清圆。 »
Fēng lǎo yīng chú, yǔ féi méi zǐ, wǔ yīn jiā shù qīng yuán.
"Le vent a mûri les jeunes orioles, la pluie a engraissé les prunes,
À midi, l'ombre des beaux arbres est claire et ronde."
Cette strophe situe la scène au début de l'été, avec des images caractéristiques du Jiangnan comme les "jeunes orioles", les "prunes" et les "beaux arbres". La description est minutieuse, lumineuse et naturelle, établissant une tonalité paisible et esthétique pour l'ensemble du poème.
Deuxième strophe : « 地卑山近,衣润费炉烟。人静乌鸢自乐,小桥外、新绿溅溅。 »
Dì bēi shān jìn, yī rùn fèi lú yān. Rén jìng wū yuān zì lè, xiǎo qiáo wài, xīn lǜ jiàn jiàn.
"La terre est basse, les montagnes proches, les vêtements humides exigent la fumée du four.
Dans le calme, les corbeaux se réjouissent ; au-delà du petit pont, le vert nouveau ruisselle."
Cette strophe approfondit la description de l'environnement humide, tranquille et frais, mettant en valeur la topographie de Lishui et la profondeur solitaire de la montagne Wuxiang. Dans une alternance de mouvement et de calme, elle révèle la solitude du poète.
Troisième strophe : « 凭阑久,黄芦苦竹,拟泛九江船。 »
Píng lán jiǔ, huáng lú kǔ zhú, nǐ fàn jiǔ jiāng chuán.
"Longtemps appuyé sur la balustrade, devant les roseaux jaunes et les bambous amers,
J'envisage de naviguer vers Jiujiang."
Ici, le paysage éveille des émotions. "Longtemps appuyé sur la balustrade" sert de transition vers les réflexions intérieures du poète, passant naturellement de la description à l'expression des sentiments.
Quatrième strophe : « 年年。如社燕,飘流瀚海,来寄修椽。且莫思身外,长近尊前。 »
Nián nián. Rú shè yàn, piāo liú hàn hǎi, lái jì xiū chuán. Qiě mò sī shēn wài, cháng jìn zūn qián.
"Chaque année, telle l'hirondelle migratrice,
Errant à travers les déserts, je viens me percher sous les avant-toits.
Ne pensons pas aux choses extérieures, restons près des coupes de vin."
Cette strophe exprime directement les sentiments du poète sur sa vie errante. La métaphore de l'hirondelle illustre son déracinement et son désir de trouver un foyer. "Rester près des coupes de vin" est une tentative de réconfort, une invitation à libérer son cœur.
Cinquième strophe : « 憔悴江南倦客,不堪听、急管繁弦。歌筵畔,先安簟枕,容我醉时眠。 »
Qiáo cuì jiāng nán juàn kè, bù kān tīng, jí guǎn fán xián. Gē yán pàn, xiān ān diàn zhěn, róng wǒ zuì shí mián.
"Ce voyageur épuisé du Jiangnan,
Ne peut supporter les sons pressés des flûtes et des cordes.
Au bord du banquet chantant, d'abord disposer natte et oreiller,
Permettez-moi de dormir dans l'ivresse."
De l'apaisement naît la fatigue, de l'ivresse le sommeil. Le poète exprime son détachement face aux festivités bruyantes, concluant avec une profondeur subtile et émouvante.
Lecture globale
Ce ci semble décrire les paysages estivaux et la vie dans un petit district, mais il s'agit en réalité d'une œuvre lyrique où le poète exprime ses sentiments à travers la nature, logeant sa mélancolie dans la tranquillité. La première partie dépeint avec précision les éléments naturels de Lishui au début de l'été, des orioles et prunes mûris par le vent et la pluie jusqu'aux forêts solitaires où les oiseaux se réjouissent, fusionnant paysage et émotion avec une élégance raffinée. La seconde partie, introduite par "longtemps appuyé sur la balustrade", se tourne vers l'introspection, évoquant l'errance de l'hirondelle et la lassitude du voyageur, avec des nuances subtiles et des couches distinctes. La conclusion, "Permettez-moi de dormir dans l'ivresse", rappelle les vers de Tao Yuanming et Li Bai, semblant anodine mais révélant une émotion profonde et la vérité des sentiments du poète, à la fois résigné et libéré.
Ce ci, bien que sans grands bouleversements, est empreint d'une gravité retenue et d'une résonance profonde, illustrant la maîtrise de Zhou Bangyan dans l'expression des émotions subtiles à travers une écriture naturelle. La première partie trouve le mouvement dans la tranquillité, la seconde loge le calme dans l'agitation, créant une tension interne qui confère au poème à la fois la beauté du paysage et la profondeur de l'émotion.
Spécificités stylistiques
- Précision et délicatesse, émotion dans le paysage
Les scènes naturelles sont décrites avec une finesse et une authenticité remarquables, des ombres des arbres au petit pont, de la pluie sur les vêtements à la fumée du four, tous semblant couler comme dans une peinture. Ces images paisibles et belles contiennent implicitement la solitude et le déracinement du poète. - Allusions classiques, intégration naturelle
Plusieurs références aux poèmes des Tang, comme "les roseaux jaunes et les bambous amers" issu de Bai Juyi, ou "Permettez-moi de dormir dans l'ivresse" évoquant Tao Yuanming et Li Bai, empruntent les mots des anciens pour exprimer sa propre destinée, s'intégrant sans heurt dans la structure du ci. - Nuances poétiques, émotion profonde
Le poète exprime ses sentiments de disgrâce et d'insatisfaction dans sa carrière, non pas directement ou avec amertume, mais à travers des images comme l'hirondelle sous les avant-toits ou le sommeil dans l'ivresse, renforçant ainsi la résonance et la subtilité du ci.
Éclairages
Cette œuvre exprime la douleur d'une vie instable et incertaine, mais sans tomber dans le pathos ou la violence. À travers des descriptions minutieuses de la nature et une expression mesurée des émotions, elle révèle une retenue et une libération typiquement lettrées. Elle nous enseigne que même dans les périodes de déception, nous pouvons trouver des moments de paix dans la beauté de la nature et la simplicité des joies. Bien que le poète réside dans un petit district reculé et connaisse les vicissitudes de la carrière officielle, il ne perd pas sa sensibilité à la beauté du monde ni sa capacité à apaiser son cœur. "Permettez-moi de dormir dans l'ivresse" n'est pas seulement une réponse résignée à la réalité, mais aussi une résistance poétique, une force pour vivre avec douceur malgré l'adversité.
À propos du poète
Zhou Bangyan (周邦彦, 1056 - 1121), originaire de Qiantang (Hangzhou), fut le grand synthétiseur du lyrisme retenu des Song du Nord. Ses poèmes, d'une richesse ornementale et d'une perfection formelle, inventèrent des dizaines de nouveaux tons et mètres. Consacré "couronne des poètes lyriques", il influença profondément Jiang Kui et Wu Wenying, devenant le maître fondateur de l'école du mètre rigoureux.