The mume rain stops, the summer breeze blows,
On the tall willows, cicadas shrill in rows.
From the garden pavilion, far waves I see,
Where fish stir new lotus leaves with glee.
Through the gauze net, with feather fan light,
On chilly pillow in cool mat, in courtyard quiet.
Such weather and such mood of mine
Make me a carefree fairy divine.
Poème chinois
「喜迁莺 · 梅雨霁」
梅雨霁,暑风和。高柳乱蝉多。
小园台榭远池波。鱼戏动新荷。薄纱厨,轻羽扇。枕冷簟凉深院。
周邦彦
此时情绪此时天。无事小神仙。
Explication du poème
Ce ci fut probablement composé durant les années Yuanyou (1086-1094) de la dynastie des Song du Nord, alors que Zhou Bangyan menait une vie relativement paisible, éloigné des tumultes politiques. Amoureux de la nature et fin connaisseur de musique et de poésie, il créa cette œuvre dépeignant les charmes de la vie estivale après la pluie. Loin des soucis de carrière ou des peines de séparation, ce poème exprime un état de sérénité et d'harmonie avec le monde naturel, marquant une divergence avec son style habituellement orné et sophistiqué pour révéler une facette plus contemplative et épurée de son talent.
Première strophe : « 梅雨霁,暑风和。高柳乱蝉多。 »
Méi yǔ jì, shǔ fēng hé. Gāo liǔ luàn chán duō.
"La pluie des prunes s'éclaircit, la brise estivale s'adoucit.
Dans les hauts saules, les cigales s'égosillent en désordre."
Dès l'ouverture, le poème saisit l'essence de la saison : la fin des pluies persistantes, une chaleur tempérée, et le bourdonnement vibrant des cigales. Ces images simples mais évocatrices établissent immédiatement une atmosphère estivale légère et joyeuse.
Deuxième strophe : « 小园台榭远池波。鱼戏动新荷。 »
Xiǎo yuán tái xiè yuǎn chí bō. Yú xì dòng xīn hé.
"Dans le petit jardin, pavillons et terrasses surplombent les ondulations lointaines de l'étang.
Les poissons jouent parmi les jeunes feuilles de lotus qui frémissent."
Le regard passe des arbres à l'étang, capturant le mouvement subtil de l'eau et la vivacité des poissons parmi les nouvelles pousses de lotus. Cette strophe déploie une scène dynamique et harmonieuse, peignant avec délicatesse l'animation discrète de la nature après la pluie.
Troisième strophe : « 薄纱厨,轻羽扇。枕冷簟凉深院。 »
Báo shā chú, qīng yǔ shàn. Zhěn lěng diàn liáng shēn yuàn.
"Rideaux de gaze légère, éventail de plumes délicat.
Oreillers frais, nattes rafraîchissantes dans la cour ombragée."
L'attention se tourne vers l'intérieur, décrivant les détails concrets d'un confort estival : les rideaux transparents, l'éventail qui agite l'air, la fraîcheur des textiles contre la peau. Ces images tactiles évoquent une quiétude domestique parfaite.
Quatrième strophe : « 此时情绪此时天。无事小神仙。 »
Cǐ shí qíng xù cǐ shí tiān. Wú shì xiǎo shén xiān.
"Cet état d'esprit répond à ce ciel clément.
Sans affaires à régler, me voici petit immortel."
La conclusion frappe par sa simplicité et sa profondeur, unissant humeur humaine et condition atmosphérique dans une parfaite symbiose. L'expression "petit immortel" résume l'idéal d'une existence libérée des contingences, transformant l'ordinaire en extraordinaire.
Lecture globale
Ce poème miniature capture l'éphémère perfection d'un moment estival après la pluie. Des saules bruissants aux lotus frémissants, du clair-obscur des pavillons à la fraîcheur des appartements privés, chaque image concourt à créer une symphonie de sérénité. Ce qui distingue cette œuvre, c'est sa capacité à élever les petits plaisirs du quotidien - un éventail, une sieste - au rang d'expérience quasi mystique, où l'homme et la nature communient dans une harmonie sans effort.
Spécificités stylistiques
- Économie de moyens : En vingt-quatre caractères seulement, Zhou Bangyan construit un monde sensoriel complet, prouvant que la grandeur poétique réside souvent dans la simplicité.
- Jeu des contrastes : Le "désordre" des cigales contre l'ordre paisible du jardin ; la chaleur extérieure contre la fraîcheur intérieure - ces oppositions créent une tension dynamique sous-jacente.
- Universalité du particulier : Ce qui pourrait n'être qu'une scène domestique privée devient, par la magie du langage, une célébration de la joie humaine fondamentale d'être en phase avec les cycles naturels.
Éclairages
Dans notre ère d'hyperactivité, ce poème agit comme un antidote précieux. Il nous rappelle que le bonheur réside souvent dans ces interstices où, libérés des obligations, nous pouvons simplement être - à l'écoute des cigales, sensibles à la brise, reconnaissants pour l'ombre fraîche. Zhou Bangyan, habituellement maître des compositions complexes, nous offre ici un chef-d'œuvre de simplicité qui transcende les siècles : parfois, ne rien faire est la plus profonde des sagesses, et un après-midi d'été oisif peut contenir l'éternité.
À propos du poète
Zhou Bangyan (周邦彦, 1056 - 1121), originaire de Qiantang (Hangzhou), fut le grand synthétiseur du lyrisme retenu des Song du Nord. Ses poèmes, d'une richesse ornementale et d'une perfection formelle, inventèrent des dizaines de nouveaux tons et mètres. Consacré "couronne des poètes lyriques", il influença profondément Jiang Kui et Wu Wenying, devenant le maître fondateur de l'école du mètre rigoureux.