La Vie Rurale en Été XXXI de Fan Chengda

si shi tian yuan za xing xxxi
Elle a vu revenir du nord les oies sauvages,
Et voit voler les hirondelles printanières.
Elle ne veut jouer de la flûte davantage,
Couverte de toile d’araignée et de pousière.

Poème chinois

「燕子楼 · 其三」
适看鸿雁洛阳回,又睹玄禽逼社来。
瑶瑟玉箫无意绪,任从蛛网任从灰。

张仲素

Explication du poème

Composé sous le règne de l'empereur Xiaozong des Song (période Chunxi, 1174-1189), ce poème appartient à la série écrite par Fan Chengda après sa retraite dans son village natal de Shihu, près de Suzhou. Éloigné des affaires politiques, il se consacra alors à la poésie bucolique, dépeignant avec minutie la vie rurale. Les Soixante Poèmes des Saisons Champêtres - divisés en quatre volumes printemps/été/automne/hiver - constituent son chef-d'œuvre, offrant un témoignage vivant de la paysannerie sous les Song du Sud. Ce trente-et-unième poème capture avec fraîcheur une scène estivale, empreinte de chaleur humaine.

Premier distique : « 昼出耘田夜绩麻,村庄儿女各当家。 »
Zhòu chū yún tián yè jì má, cūnzhuāng érnǚ gè dāngjiā.
Le jour on sarcle les champs, la nuit on file le chanvre,
Jeunes et vieux du village veillent chacun à sa tâche.

Ce distique peint le rythme immuable des travaux agricoles : labeur diurne aux champs, ouvrage nocturne à la maison. La répartition naturelle des rôles selon l'âge et le genre révèle une communauté autosuffisante où chacun participe avec dignité. Le poète célèbre cette économie domestique vertueuse où le travail des mains nourrit le corps et l'âme.

Deuxième distique : « 童孙未解供耕织,也傍桑阴学种瓜。 »
Tóng sūn wèi jiě gōng gēng zhī, yě bàng sāng yīn xué zhòng guā.
Les petits-enfants, trop jeunes pour cultiver ou tisser,
À l'ombre des mûriers apprennent à planter les courges.

L'attention se porte sur les enfants qui, bien qu'inaptes aux gros travaux, imitent déjà leurs aînés. "À l'ombre des mûriers" (傍桑阴) situe la scène en été tout en créant un cadre paisible. Cette notation apparemment simple dépeint en réalité la transmission intergénérationnelle des savoir-faire et l'harmonie entre l'homme et son environnement. Le geste d'imitation, spontané et joyeux, incarne la pérennité de la vie paysanne.

Lecture globale

Ce poème, en apparence simple chronique de la vie rurale, recèle une vitalité intense et une profonde humanité. Structuré autour du rythme ancestral "labour diurne, filage nocturne", il dépeint un microcosme agricole autonome et paisible - des adultes au travail aux enfants imitant leurs aînés. Sans panégyrique explicite, le poète capture avec une authenticité touchante la beauté du quotidien paysan. Aucun artifice stylistique, mais chaque caractère palpite de vie et de tendresse, révélant l'idéal pastoral chéri par Fan Chengda.

Spécificités stylistiques

Le poème excelle par son langage dépouillé et ses images ancrées dans le quotidien, saturées de saveur existentielle. Fan Chengda maîtrise l'art d'esquisser des scènes rurales vivantes avec une économie de moyens - pas de couleurs criardes, mais des nuances subtiles ; pas de lyrisme emphatique, mais la révélation du beau dans l'ordinaire. Le poète fond si parfaitement son émotion dans le paysage que le lecteur y pénètre : il entend les cigales, voit l'ombre des mûriers.

Éclairages

Ce poème nous enseigne que le beau ne réside pas dans les paysages lointains, mais dans l'humble réalité - un repas, une plante. Dans le tumulte de son époque, le poète se retire vers les chants de la terre, célébrant un idéal de simplicité retrouvée. Travail des adultes, imitation des enfants : tout devient hymne à la vie dans sa pureté originelle. La chaleur et l'harmonie qui s'en dégagent ravivent notre lien émotionnel avec la terre et la transmission familiale.

Traducteur de poésie

Xu Yuanchong(许渊冲)

À propos du poète

Fan Chengda​​ (范成大, 1126-1193), originaire de Suzhou dans le Jiangsu, fut l'un des quatre grands poètes de la renaissance des Song du Sud. Reçu mandarin en 1154 (24e année de l'ère Shaoxing), son œuvre poétique couvre un large éventail thématique, avec une prédilection pour les poèmes pastoraux et de voyage. Ses Soixante Pièces sur les Saisons Rustiques (《四时田园杂兴》) constituent la première série systématique de poèmes champêtres en Chine, fusionnant avec art les joies et peines des paysans avec la beauté naturelle.

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