Ivresse parmi les Fleurs : Neige Claire dans le Jardin avant le Printemps de Feng Yansi

zui hua jian · qing xue xiao yuan chun wei dao
Dans le petit jardin, la neige claire précède le printemps,
Au bord de l’étang, les pruniers fleurissent déjà.

Les pies bâtissent leurs nids dans les arbres élevés,
La lune oblique éclaire l’herbe froide.

Les montagnes et les rivières sont belles,
Depuis toujours, la route de Jinling est célèbre.
Mais les jeunes gens vieillissent en la contemplant.

Quand nous nous rencontrons, ne dédaignez pas les coupes d’or,
Car les adieux sont nombreux, et les joies rares.

Poème chinois

「醉花间 · 晴雪小园春未到」
晴雪小园春未到,池边梅自早。
高树鹊衔巢,斜月明寒草。

山川风景好,自古金陵道,少年看却老。
相逢莫厌醉金杯,别离多,欢会少。

冯延巳

Explication du poème

Ce poème lyrique (ci) est l'œuvre de Feng Yansi, poète majeur de la période des Cinq Dynasties et figure centrale des Tang du Sud, aussi renommé que Li Yu. Maître dans l'art d'allier paysages et émotions avec grâce et retenue, ce poème compte parmi ses meilleures compositions. Écrit au début du printemps, il dépeint une cour, des pruniers en fleur, une lune oblique et le chagrin de la séparation, créant une atmosphère à la fois sereine, solitaire et profondément mélancolique. Fusionnant scènes et sentiments, le poème exprime la prise de conscience aigüe du poète face à la fugacité de la jeunesse et de la vie, tout en évoquant implicitement la nostalgie des jours et des êtres passés.

Première strophe : « 晴雪小园春未到,池边梅自早。高树鹊衔巢,斜月明寒草。 »
Qíng xuě xiǎo yuán chūn wèi dào, chí biān méi zì zǎo. Gāo shù què xián cháo, xié yuè míng hán cǎo.

"Neige claire dans le petit jardin où le printemps n'est pas encore arrivé,
Près de l'étang, les pruniers fleurissent d'eux-mêmes, précoces.
Dans les arbres élevés, les pies portent des brindilles pour leur nid,
Lune oblique éclairant l'herbe froide."

Ces vers construisent une scène de début de printemps encore froide, entre réchauffement et gel, à travers des images comme "neige claire", "petit jardin" et "printemps pas encore arrivé". L'accent mis sur "les pruniers fleurissent d'eux-mêmes, précoces" place l'image des pruniers précoces en pleine froidure printanière, révélant leur caractère solitaire et résistant, tout en reflétant l'état d'esprit du poète. Les pies construisant leur nid et la lune éclairant l'herbe froide introduisent un contraste entre la continuité de la vie et la solitude glaciale, faisant sourdre progressivement l'émotion, le paysage étant imprégné de sentiments.

Seconde strophe : « 山川风景好,自古金陵道,少年看却老。相逢莫厌醉金杯,别离多,欢会少。 »
Shān chuān fēng jǐng hǎo, zì gǔ jīn líng dào, shào nián kàn què lǎo. Xiāng féng mò yàn zuì jīn bēi, bié lí duō, huān huì shǎo.

"Montagnes et rivières, les paysages sont beaux,
Depuis toujours, la route de Jinling est prospère,
Mais celui qui les regarde est passé de la jeunesse à la vieillesse.
Quand nous nous rencontrons, ne dédaignez pas les coupes d'or ivres,
Les séparations sont nombreuses,
Les joyeuses retrouvailles rares."

La seconde strophe passe de la description à l'expression lyrique, l'image de "la route de Jinling" se transformant en réflexion sur la vie. "Celui qui les regarde est passé de la jeunesse à la vieillesse" exprime le sentiment du temps qui passe et de la jeunesse disparue ; tandis que "ne dédaignez pas les coupes d'or ivres" exhorte à chérir le moment présent et à profiter de la vie. Les trois derniers vers opèrent un changement soudain de rythme, introduisant la saveur de la vie "les séparations sont nombreuses, les joyeuses retrouvailles rares", alliant profondeur philosophique et grâce retenue.

Lecture globale

Le poème entier commence par une scène froide de début de printemps, avec des pruniers fleurissant seuls et une lune éclairant l'herbe froide, formant un tableau à la fois glacial et plein de charme. La première strophe se concentre sur la description, le paysage contenant des sentiments ; la seconde strophe passe du paysage à l'émotion, l'émotion véhiculant une réflexion, la "route de Jinling" évoquant les soupirs face à l'impermanence du monde et la brièveté de la vie.

Feng Yansi excelle à utiliser des traits concis et délicats pour dépeindre des scènes et des états d'âme. Ce poème ouvre sur des paysages extrêmement froids et solitaires, reflétant la mélancolie légère de son cœur. La seconde strophe passe de la nostalgie de la jeunesse disparue à l'expression d'une philosophie de vie, contenant la pensée de "profiter du moment présent", faisant écho de loin à "quand on a la chance de vivre, il faut en jouir pleinement" du style des Tang florissants, mais de manière plus introvertie et implicite, plus riche des sentiments délicats des poètes des Tang du Sud.

Spécificités stylistiques

  • Sentiments cachés dans le paysage, progression naturelle : À travers la description du "début du printemps" et du "froid tardif", le sentiment de solitude et de tristesse du poète est implicitement inclus, conduisant naturellement aux soupirs sur la brièveté de la vie.
  • Langage gracieux, fusion scène-sentiment : Le langage de Feng Yansi est délicat et doux, habile à exprimer des sentiments à travers des paysages concrets. Le poème entier a un sens profond dans l'élégance, sans être direct mais laissant une résonance infinie.
  • Rythme serré, transitions fluides : Passant de la description à l'expression lyrique, des paysages naturels froids aux réflexions sur la vie, le rythme va du lent au rapide, la structure tourne naturellement, donnant au poème une richesse de niveaux.

Éclairages

Ce poème transmet non seulement une sensibilité aux paysages, mais aussi une réflexion profonde sur les conditions de vie. Dans la transition entre "le printemps n'est pas encore arrivé" et "celui qui regarde est passé de la jeunesse à la vieillesse", le poète nous suggère : la vie s'écoule souvent silencieusement dans l'attente, la jeunesse vieillit souvent sans qu'on s'en aperçoive. Face à des paysages pittoresques, nous avons peut-être été passionnés et nous y sommes plongés ; mais quand nous retournons année après année aux mêmes endroits, ce que nous voyons est le goût de "les paysages sont les mêmes, mais les gens ont changé".

"Quand nous nous rencontrons, ne dédaignez pas les coupes d'or ivres" n'est pas seulement une simple exhortation à boire, c'est aussi une manière de faire face à la brièveté de la vie et à l'impermanence des rencontres - quand nous ne pouvons pas contrôler le destin et le temps, nous ne pouvons que chérir le présent, traiter les autres avec sincérité, saisir chaque moment de rencontre joyeuse et vivre avec cœur. Feng Yansi utilise des paysages froids pour exprimer la tristesse, révélant dans la grâce la philosophie de l'impermanence de la vie. Cette fusion de sentiments et de raison, de paysages et de réflexions, est une précieuse poésie qui mérite d'être savourée et réfléchie dans notre vie moderne au rythme effréné.

À propos du poète

Feng Yansi

Feng Yansi (冯延巳 903 - 960), prénom social Zhengzhong, originaire de Guangling (actuelle Yangzhou, Jiangsu), fut un célèbre poète de ci sous les Tang du Sud durant la période des Cinq Dynasties et Dix Royaumes. Nommé Vice-directeur gauche du Département des Affaires d'État (Zuo Puye Tongping Zhangshi), il jouit de la confiance absolue de l'empereur Li Jing. Ses ci tracèrent une nouvelle voie au-delà de la tradition Huajian, influençant directement des maîtres ultérieurs comme Yan Shu et Ouyang Xiu, jouant un rôle pivot dans la transition du ci d'"art des musiciens" vers "expression lettrée des fonctionnaires-érudits".

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