Waterbag Dance: Brûler l’encens​ de Zhou Bangyan

su mu zhe · liao chen xiang
Je brûle de l’encens pour dissiper l’été moite,
Les oiseaux appellent le soleil, à l’aube, sous l’avant-toit.
Sur les feuilles, le premier soleil sèche la pluie nocturne,
L’étang lisse, rond, porte des lotus dressés par la brise.

Mon pays natal est loin — quand pourrai-je y retourner ?
Ma maison est aux portes de Wu, mais je suis piégé à Chang’an.
Pêcheur de mai, te souviens-tu encore de moi ?
Dans une barque légère, je rêve d’entrer dans la baie aux lotus.

Poème chinois

「苏幕遮 · 燎沉香」
燎沉香,消溽暑。鸟雀呼晴,侵晓窥檐语。
叶上初阳干宿雨,水面清圆,一一风荷举。

故乡遥,何日去?家住吴门,久作长安旅。
五月渔郎相忆否?小楫轻舟,梦入芙蓉浦。

周邦彦

Explication du poème

Ce ci fut composé entre 1083 et 1086 (6e année Yuanfeng à 1ère année Yuanyou des Song du Nord), alors que Zhou Bangyan résidait à Bianjing (actuelle Kaifeng), où il occupait un poste à l'Académie Impériale. Bien que reconnu pour son talent, il ne parvenait pas à réaliser ses ambitions et était souvent pris de nostalgie pour sa terre natale. Ce poème, écrit durant cette période, utilise les paysages d'un étang de lotus estival pour évoquer des rêves du pays natal, exprimant à la fois la mélancolie du lettré en voyage et son attachement profond au Jiangnan.

Première strophe : « 燎沉香,消溽暑。鸟雀呼晴,侵晓窥檐语。 »
Liáo chénxiāng, xiāo rùshǔ. Niǎo què hū qíng, qīn xiǎo kuī yán yǔ.
"Brûler de l'encens d'aloès pour dissiper l'humidité étouffante ;
Les oiseaux appellent le soleil, à l'aube gazouillant sous les avant-toits."

L'ouverture décrit le poète brûlant de l'encens dans une pièce tranquille, cherchant à apaiser la chaleur humide par la fraîcheur aromatique. L'introduction des oiseaux annonciateurs de beau temps et leurs chuchotements sous les toits apportent une dynamique vivante, marquant la transition météorologique et insufflant une atmosphère quotidienne.

Deuxième strophe : « 叶上初阳干宿雨,水面清圆,一一风荷举。 »
Yè shàng chū yáng gān sù yǔ, shuǐ miàn qīng yuán, yī yī fēng hé jǔ.
"Le soleil matinal sèche sur les feuilles la pluie nocturne ;
La surface de l'eau, claire et ronde, voit les lotus se dresser un à un dans la brise."

Cette strophe peint un étang de lotus au petit matin, avec pour point culminant l'expression "les lotus se dressent dans la brise", capturant la grâce dansante des fleurs. L'image d'une pureté cristalline atteint ici son apogée descriptive, tout en servant de transition vers l'émotion.

Troisième strophe : « 故乡遥,何日去?家住吴门,久作长安旅。 »
Gùxiāng yáo, hé rì qù? Jiā zhù Wúmén, jiǔ zuò Cháng'ān lǚ.
"Le pays natal est loin - quand le regagnerai-je ?
Ma maison est à Wumen, mais je suis depuis longtemps un voyageur à Chang'an."

Passant du paysage au sentiment, ces vers expriment directement la nostalgie. "Wumen" et "Chang'an" sont des métaphores pour Hangzhou et Bianjing, traduisant la douleur de la séparation géographique et l'errance prolongée dans la capitale.

Quatrième strophe : « 五月渔郎相忆否?小楫轻舟,梦入芙蓉浦。 »
Wǔ yuè yú láng xiāng yì fǒu? Xiǎo jí qīng zhōu, mèng rù fúróng pǔ.
"En ce mois de mai, le pêcheur se souvient-il de moi ?
Dans une barque légère, je rêve d'entrer dans la crique aux lotus."

La nostalgie se concrétise par une question rhétorique adressée à un pêcheur imaginaire, renforçant la pudeur et la profondeur de l'émotion. La conclusion onirique, naviguant entre réel et imaginaire, laisse une résonance durable.

Lecture globale

Ce ci déploie une nostalgie graduelle à partir de scènes estivales - encens, lotus, oiseaux. La première partie, centrée sur la nature, combine chaleur humide et fraîcheur matinale dans une atmosphère paisible. La seconde bascule vers l'introspection : de l'évocation directe du pays natal au rêve de retour, le poème tisse réel et illusion comme une peinture d'étang au matin ou une mélopée nostalgique.

Zhou Bangyan, pourtant connu pour son style élégant et raffiné, adopte ici une simplicité rare - dépeignant les lotus comme "clairs et ronds" ou "se dressant dans la brise", il saisit l'essence des choses sans artifice. Aucun mot ne dit explicitement la tristesse, mais elle imprègne chaque vers, faisant de ce poème un joyau du style "qingzhen" (clarté et authenticité).

Spécificités stylistiques

  • Simplicité limpide, esquisse naturelle
    Contrairement à son style habituel orné, Zhou utilise ici un pinceau dépouillé pour peindre l'été, avec des détails qui semblent pris sur le vif.
  • Fusion paysage-sentiment, réel-rêve
    Les "lotus dans la brise" mènent au rêve ; la question au "pêcheur" entrelace nature et nostalgie. L'émotion naît du paysage, et le rêve final superpose虚实.
  • Structure claire, mélodie fluide
    Les deux strophes progressent logiquement : de l'intérieur parfumé à l'étang extérieur, puis à la rêverie nostalgique, avec une musicalité qui épouse la fluidité des sentiments.

Éclairages

Ce ci transforme un étang estival en miroir de l'âme en exil, révélant combien la beauté peut exacerber la nostalgie. Il suggère que même dans l'éloignement et les désillusions, rêves et nature offrent un refuge. À l'ère du tumulte, cultiver comme Zhou Bangyan cette capacité à trouver du sublime dans l'ordinaire, et à préserver dans ses rêves un ancrage spirituel, reste une sagesse vitale.

À propos du poète

Zhou Bangyan

Zhou Bangyan (周邦彦, 1056 - 1121), originaire de Qiantang (Hangzhou), fut le grand synthétiseur du lyrisme retenu des Song du Nord. Ses poèmes, d'une richesse ornementale et d'une perfection formelle, inventèrent des dizaines de nouveaux tons et mètres. Consacré "couronne des poètes lyriques", il influença profondément Jiang Kui et Wu Wenying, devenant le maître fondateur de l'école du mètre rigoureux.

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