Un dialogue II de Cui Hao

chang gan xing ii
Lui: J’habite aussi sur l’eau,
Où je vogue en bateau.
Les voisins ont vécu
Tout près à leur insu.

Poème chinois:

「长干曲 · 其二」
家临九江水,来去九江侧。
同是长干人,生小不相识。

崔颢

Explication du poème:

Ce poème est le deuxième extrait de Changgan Xing dans Yuefu Shiji · Chants et ballades diverses. Il dépeint une conversation entre un jeune homme et une jeune femme qui se rencontrent par hasard dans un village au bord de l’eau. À travers cet échange, le poème exprime la chaleur et la familiarité nées d’une origine commune, tout en suggérant discrètement une émotion inexprimée. Le ton est sincère, et le langage simple reflète à la fois un profond attachement à la terre natale et une résignation face à l’errance imposée par la vie.

Premier distique : “家临九江水,来去九江侧。”
jiā lín jiǔ jiāng shuǐ, lái qù jiǔ jiāng cè.
"Ma maison est au bord des eaux de Jiujiang, / Je vais et viens le long des rives de Jiujiang."

La réponse du jeune homme est simple mais révélatrice de son attachement à la vie fluviale. Ses mots évoquent non seulement son environnement quotidien, mais aussi une existence marquée par le mouvement constant, semblable à celle de la jeune femme. L’image de l’eau et des embarcations renforce le caractère régional du poème, immergeant le lecteur dans l’univers des habitants du bord du fleuve.

Deuxième distique : “同是长干人,生小不相识。”
tóng shì cháng gān rén, shēng xiǎo bù xiāng shí.
"Nous sommes tous deux originaires de Changgan, mais nous ne nous sommes jamais connus dans notre enfance."

Après avoir pris conscience de leur origine commune, le jeune homme exprime une légère mélancolie : bien qu’ils viennent du même village, le destin ne les a jamais réunis auparavant. À première vue, ces vers traduisent une simple constatation, mais en réalité, ils dévoilent une reconnaissance implicite et une émotion discrète. Cette nuance subtile confère au poème une tendresse délicate et sincère.

Analyse globale

Derrière la simplicité apparente du dialogue se cache une grande profondeur émotionnelle. La jeune femme engage la conversation, et le jeune homme lui répond avec sincérité et une pointe de nostalgie. Bien qu’étrangers l’un à l’autre, leur origine commune et leur langage partagé créent immédiatement un sentiment de proximité, semblable au bonheur de retrouver un visage familier dans un lieu inconnu. Grâce à la mise en scène du cadre fluvial, le poème dépeint une atmosphère à la fois chaleureuse et teintée de regrets, rendant les émotions d’autant plus authentiques.

Au-delà de la rencontre entre deux individus, le poème exprime un attachement puissant à la terre natale et une méditation sur la nature éphémère de l’existence. Pour ceux qui vivent loin de chez eux, il suffit parfois d’un accent familier pour raviver la nostalgie. Ce sentiment universel donne à cette œuvre une portée plus vaste que la simple rencontre fortuite, faisant écho à l’expérience humaine dans son ensemble.

Caractéristiques stylistiques

  1. Un langage simple mais vivant : Le poème utilise une langue proche de l’oralité, donnant à la scène une grande authenticité.
  2. Des émotions subtiles mais profondes : Sans jamais exprimer explicitement la nostalgie ou l’affection, le texte évoque naturellement ces thèmes à travers le dialogue.
  3. Un fort ancrage régional : Le décor de Jiujiang et Changgan, ainsi que la description du mode de vie fluvial, apportent une touche locale marquée et une richesse picturale.
  4. L’alliance du paysage et de l’émotion : Le contraste entre le mouvement perpétuel du fleuve et le regret d’une rencontre tardive souligne à la fois la beauté du cadre et la portée émotionnelle du poème.

Réflexion

Ce poème illustre avec finesse la chaleur spontanée qui naît de la reconnaissance d’une origine commune. Il reflète également la réalité d’une vie marquée par l’errance, où les individus aspirent à la stabilité tout en étant contraints de voyager sans cesse. Cette œuvre nous rappelle que le foyer ne se limite pas à un lieu physique, mais qu’il réside aussi dans nos souvenirs et nos liens émotionnels. Dans l’agitation du monde moderne, il est parfois bon de ralentir et d’apprécier ces moments simples qui nous reconnectent à notre essence.

Traducteur de poésie:

Xu Yuan-chong(许渊冲)

À propos du poète:

Cui Hao

Cui Hao (崔颢), A.D. ? - 754, a native of Kaifeng, Henan Province. He was admitted as a scholar in 723 AD. At that time, Cui Hao was well known, along with Wang Changling, Gao Shi, Meng Haoran, and Wang Wei. His early poems were florid and frivolous, but after serving in the Hedong army, his poetic style became vigorous and unrestrained.

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