Ordre Impérial : Raillerie à la Fille des Fleurs de Yu Shinan

ying zhao chao si hua nv
Son fard de corbeau à moitié appris reste inachevé,  
Épaules affaissées, manches tombantes — air niais et charmant.

Grâce à cette niaiserie, elle gagne les faveurs du souverain,
Toujours tenant une branche fleurie, elle suit la chaise impériale.

Poème chinois

「应诏嘲司花女」
学画鸦黄半未成,垂肩亸袖太憨生。
缘憨却得君王惜,长把花枝傍辇行。

虞世南

Explication du poème

"La Fleuriste naïve" (司花女) est un poème de Yu Shinan (558-638), important ministre de la cour sous le règne de l'empereur Taizong des Tang. La cour tang avait des "fleuristes" (司花女) chargées des fleurs et des plantes, mais aussi du divertissement. Yu Shinan, en participant à des banquets ou sur ordre impérial, rencontra une fleuriste au charme naïf et touchant, et composa ce poème. Écrit sur un ton léger et taquin, il dépeint la naïveté de la jeune femme et la faveur qu'elle obtient, offrant à la fois un reflet de la vie palatiale et révélant le sens aigu de l'observation et l'humour du poète.

Premier distique : « 学画鸦黄半未成,垂肩亸袖太憨生。 »
Xué huà yā huáng bàn wèi chéng, chuí jiān duǒ xiù tài hān shēng.
"S'exerçant à peindre le jaune de fleur, à moitié inachevé ;
Épaules tombantes, manches flottantes, si naïvement charmante."

"Jaune de fleur" (鸦黄) désigne ici la couleur des fleurs. Le poète utilise "inachevé" (半未成) pour souligner la maladresse enfantine de la fleuriste, ses gestes et attitudes paraissant simples et sincères. Ce n'est pas une moquerie, mais plutôt la mise en valeur de sa simplicité adorable through sa "naïveté" (憨), contrastant avec l'image conventionnelle des femmes de cour fardées et artificielles.

Second distique : « 缘憨却得君王惜,长把花枝傍辇行。 »
Yuán hān què dé jūn wáng xī, cháng bǎ huā zhī bàng niǎn xíng.
"Précisément à cause de cette naïveté, elle gagne la tendresse du souverain ;
Souvent tenant une branche fleurie, elle accompagne son chariot."

Le poète précise la valeur de la "naïveté" : ce ne sont pas des talents exceptionnels, mais la simplicité naturelle qui font d'elle une favorite aux yeux de l'empereur. "Accompagner le chariot" (傍辇行) souligne sa position particulière : bien que simple fleuriste, elle obtient la faveur par sa pureté.

Appréciation globale

Ce petit poème, d'un ton taquin et humoristique, façonne l'image d'une femme de cour "niaise mais adorable". Les deux premiers vers dépeignent sa naïveté et sa maladresse, peu habile à peindre mais charmante par sa simplicité ; les deux derniers vers pointent comment cette "naïveté" lui vaut au contraire la faveur impériale, l'amenant à accompagner souvent le souverain. Le poème contient un contraste subtil : d'un côté, la maladresse de talents inaboutis, de l'autre, la faveur de l'empereur. Yu Shinan, sur un ton léger, révèle un épisode de la vie palatiale, dépeignant à la fois la naïveté humaine et la partialité du souverain, dans un langage concis mais riche de sens dramatique.

Caractéristiques stylistiques

  • Langage humoristique
    Le ton général est léger, teinté de taquinerie, montrant le côté humoristique du poète.
  • Image vive
    Through des détails comme "inachevé" et "épaules tombantes, manches flottantes", l'image charmante de la femme naïve est instantanément esquissée.
  • Art du contraste
    Le contraste entre maladresse et faveur souligne la personnalité du personnage et ajoute de l'intérêt au poème.
  • Reflet de la vie palatiale
    Le poème reflète le destin des petites gens dans la cour, qui peuvent gagner ou perdre la faveur par leur beauté ou leur tempérament.

Éclairages

Ce poème parle d'une fleuriste naïve et maladroite qui, précisément à cause de sa sincérité et de sa simplicité, obtient inopinément la faveur de l'empereur. Le poème a une signification profonde : les gens recherchent souvent la perfection, l'habileté et la magnificence, mais ce qui touche vraiment le cœur est souvent le naturel et la sincérité non affectés. Il nous enseigne qu'il n'est pas nécessaire d'être artificiel en toute occasion ; la réalité et l'authenticité ont en fait plus de charme. La "naïveté" n'est pas un défaut, mais une forme de pureté et de sincérité ; c'est cette simplicité qui permet de gagner l'affection et le respect véritables. Dans la vie, les talents et compétences extérieurs sont certes importants, mais préserver la naïveté et la sincérité intérieures peut davantage permettre de recevoir une compréhension et une chérison inattendues.

À propos du poète

Yu Shinan

Yu Shinan (虞世南 558 - 638), originaire de Yuyao dans la province du Zhejiang, fut un éminent homme d’État, écrivain, calligraphe et politicien durant l’ère Zhenguan des débuts de la dynastie Tang. Il figurait parmi les « Vingt-Quatre Officiers Méritants du Pavillon Lingyan » et occupa le poste de Directeur de la Bibliothèque impériale. Sa calligraphie lui valut d’être compté parmi les « Quatre Grands Calligraphes des Débuts des Tang » aux côtés d’Ouyang Xun, de Chu Suiliang et de Xue Ji. Dans le domaine poétique, il perpétua la tradition de Xu Ling et initia un style courtois raffiné, équilibré et harmonieux. Il compila également les Extraits des Livres du Hall Nord(Beitang Shuchao), établissant un nouveau genre de littérature encyclopédique.

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