Courtisane du Tertre de Bronze de Liu Fangping

tong que ji
Obéissant à l’ordre posthume du souverain,  
Elle fronce les sourcils, s’astreint à une parure.

Les années altèrent la teinte des arbres du mausolée,
La faveur demeure dans le parfum des robes de danse.

Le trône de jade exhale un air automnal,
La terrasse de bronze boit les rayons du soleil couchant.

Des traces de larmes mouillent le puits desséché,
Pour qui ces manches de danse sont-elles trop longues ?

Poème chinois

「铜雀妓」
遗令奉君王,嚬蛾强一妆。
岁移陵树色,恩在舞衣香。
玉座生秋气,铜台下夕阳。
泪痕沾井干,舞袖为谁长。

刘方平

Explication du poème

Ce poème est un qiyan lüshi (poème régulier à vers de sept caractères) composé par le poète Tang Liu Fangping, s'inspirant d'une légende historique de la période des Han aux Wei. On raconte que l'empereur Wei Wendi, Cao Pi, ordonna aux chanteuses de la terrasse du Bronze (铜雀台) de veiller sur la tombe de Cao Cao. Depuis, le terme "chanteuse de la terrasse du Bronze" (铜雀妓) évoque souvent les courtisanes ou musiciennes délaissées. Le poète utilise cette image pour dépeindre non seulement la scène mélancolique des concubines jadis favorites veillant sur la tombe impériale, leur beauté fanée, mais aussi exprimer un profond sentiment sur la fragilité de la gloire et la difficulté de conserver les faveurs. Dans la société Tang, aux mœurs luxueuses, le sort de ces femmes dans le gynécée impérial n'était pas rare ; ce poème est en réalité une réflexion allégorique du poète sur la vie réelle through un sujet historique.

Premier distique : « 遗令奉君王,嚬蛾强一妆。 »
Yí lìng fèng jūn wáng, pín é qiǎng yī zhuāng.
"Selon l'édit posthume, servir le souverain ;
Sourcils froncés, se farder à contrecœur."

Il décrit les chanteuses de la terrasse du Bronze, après leur disgrâce, toujours contraintes de servir selon le décret, bien que remplies de ressentiment, obligées de dissimuler leurs sentiments. Le mot "à contrecœur" (强) exprime l'extrême impuissance, soulignant le contraste frappant entre leur expression et leur état d'esprit.

Second distique : « 岁移陵树色,恩在舞衣香。 »
Suì yí líng shù sè, ēn zài wǔ yī xiāng.
"Les années passent, changeant la couleur des arbres du mausolée ;
La faveur demeure dans le parfum des robes de danse."

Ce distique passe du paysage extérieur aux sentiments intérieurs. Le changement de couleur des arbres du mausolée symbolise l'écoulement du temps, le parfum des robes de danse n'est plus qu'une illusion mémorielle. La gloire passée ne laisse que des traces parfumées, reflétant la désolation après la disparition des faveurs.

Troisième distique : « 玉座生秋气,铜台下夕阳。 »
Yù zuò shēng qiū qì, tóng tái xià xī yáng.
"Le trône de jade exhale une atmosphère automnale ;
Sous la terrasse du Bronze, le soleil décline."

Ce distique accentue l'atmosphère de déclin. Le trône n'est plus splendide, mais dégage une froideur ; la terrasse n'est plus glorieuse, seule persiste la chute du soleil. Le contraste entre prospérité et déclin reflète l'impermanence des affaires humaines.

Quatrième distique : « 泪痕沾井干,舞袖为谁长。 »
Lèi hén zhān jǐng gān, wǔ xiù wèi shuí cháng.
"Traces de larmes mouillent la margelle du puits ;
Manches de danse, pour qui s'allongent encore ?"

La conclusion se clôt sur des actions et une question. Larmes et manches de danse sont juxtaposées : les larmes sont la solidification du chagrin, la danse était la joie passée, désormais devenue une ironie désolée. La phrase finale, sous forme de question rhétorique, approfondit la sensation de désolation du poème.

Appréciation globale

Cette œuvre, from la perspective des chanteuses de la terrasse du Bronze, montre l'énorme écart entre faveur et abandon. Le poème commence par la contrainte du "fard à contrecœur" et s'achève sur les "traces de larmes", progressant par couches, l'émotion passant de l'impuissance à la détresse, l'image de la luxure à la désolation, se concluant par une question, à la résonance durable.

Ce n'est pas qu'un poème de ressentiment du gynécée, mais aussi un poème sur l'ascension et la chute. Il rappelle au lecteur : que ce soit la faveur personnelle ou la prospérité impériale, tout est comme fleur et rêve, éphémère. Liu Fangping, through l'image historique des "chanteuses de la terrasse du Bronze", reflète le sort lamentable des femmes du gynécée tang, tout en暗示 également les sentiments sur le déclin imminent de la splendeur des Tang.

Caractéristiques stylistiques

  • Exprimer ses sentiments through l'histoire, signification profonde
    S'appuyant sur la légende historique des chanteuses de la terrasse du Bronze, il exprime à la fois le ressentiment du gynécée et l'impermanence des affaires humaines, élargissant la connotation thématique.
  • Contraste pour révéler la profondeur
    Le trône de jade d'antan et le soleil couchant actuel, le parfum des robes de danse et les traces de larmes sur la margelle, prospérité et déclin forment un contraste frappant, renforçant l'effet tragique.
  • Langage condensé, images vives
    "Fard à contrecœur", "parfum des robes de danse", "soleil couchant", "traces de larmes" et autres images sont évocatrices et vivantes, touchant directement les cordes sensibles du lecteur.
  • Scène et sentiment entrelacés, progression par couches
    Du fard contraint au souvenir des faveurs, puis à la scène de déclin, enfin aux larmes et à la danse, formant une narration complète et une progression émotionnelle.

Éclairage

Ce poème nous enseigne : que ce soit la faveur de la beauté ou la gloire du pouvoir, tout est comme fleur dans le miroir et lune dans l'eau, difficile à pérenniser. Les sentiments de "les années passent, changeant la couleur des arbres du mausolée ; la faveur demeure dans le parfum des robes de danse" concernent non seulement le destin des femmes, mais révèlent aussi l'illusion et la fragilité de la prospérité mondaine. Dans la réalité, il rappelle de voir through l'impermanence de la renommée et de la richesse, de ne pas se complaire dans une faveur ou une splendeur passagère, mais de poursuivre des valeurs de vie et des aspirations spirituelles plus durables.

À propos du poète

Liu Fangping

Liu Fangping (刘方平 env. 742 – env. 785), originaire de Luoyang dans le Henan. Poète ermite et peintre à la charnière entre le Haut et le Moyen Tang, il se distingua par un style poétique délicat et subtil, habile à dépeindre les lamentations de gynécée et les nuits lunaires. Bien que seuls 26 de ses poèmes subsistent dans les Poèmes complets des Tang, des œuvres comme Nuit de lune et Plainte printanière lui assurèrent une place dans le canon de la poésie tang. Acclamé comme « la voix pure du Haut Tang et l’annonce du Moyen Tang », sa poésie fusionna la lucidité du style Qi-Liang avec la sérénité zen, influençant profondément la tradition lyrique ci postérieure et la littérature féminine de l’ère Heian au Japon.

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