Blanche comme neige, elle descend se percher sur la mousse verte,
Devrait accompagner les mouettes du fleuve, mais me rejette.
Me voyant désirer partir sur une barque oscillante,
Je te prie d’abord d’être le messager entre l’eau et les nuages.
Poème chinois
「白鹭」
陆龟蒙
雪然飞下立苍苔,应伴江鸥拒我来。
见欲扁舟摇荡去,倩君先作水云媒。
Explication du poème
Lu Guimeng vécut à la fin de la dynastie Tang, une époque de troubles politiques et d'obscurité gouvernementale. Retiré dans le Jiangnan, il trouvait son plaisir dans la poésie, souvent en compagnie d'oiseaux naturels. Ce Aigrette fut composé alors qu'il observait des aigrettes au bord d'une rivière ou d'un lac. L'aigrette, symbol traditionnel de pureté et de noblesse, n'est pas seulement un élément du paysage naturel aux yeux du poète, mais incarne aussi son aspiration à la noblesse d'âme et son refus de se compromettre avec le monde matérialiste.
Premier distique : « 雪然飞下立苍苔,应伴江鸥拒我来。 »
Xuě rán fēi xià lì cāng tái, yīng bàn jiāng ōu jù wǒ lái.
"Blanche comme neige, elle descend se percher sur la mousse verte ;
Devrait accompagner les mouettes du fleuve, mais me rejette."
Cette strophe décrit d'abord la posture noble de l'aigrette. "Blanche comme neige" (雪然) évoque la blancheur de son plumage, d'allure extraordinaire. "Me rejette" (拒我来) personnifie l'oiseau, révélant l'auto-portrait du poète : bien qu'aspirant à fréquenter des êtres purs, il semble rejeté, reflétant son sentiment de solitude face à l'incompréhension dans la réalité.
Second distique : « 见欲扁舟摇荡去,倩君先作水云媒。 »
Jiàn yù piān zhōu yáo dàng qù, qiàn jūn xiān zuò shuǐ yún méi.
"Voyant cela, je désire partir sur une barque oscillante ;
Je vous prie, servez d'abord d'intermédiaire entre l'eau et les nuages."
Ici, le ton devient lyrique. Le poète imagine voguer vers le realm des eaux et des nuages, s'unissant à la nature, mais espère que l'aigrette serve d'"intermédiaire" (媒) pour le guider dans ce monde naturel. Le mot "prier" (倩) est réservé et vivant, exprimant l'aspiration du poète à une vie noble et son refuge spirituel.
Lecture globale
Bien que ne comptant que vingt-huit caractères, ce poème combine description et expression personnelle. La première strophe dépeint l'aigrette, la seconde se projette en elle, imprégnant l'image de l'oiseau de l'humeur solitaire et noble du poète.
L'aigrette symbolise souvent la pureté et la fierté solitaire dans la poésie classique. Ce poème perpétue cette tradition culturelle tout en y ajoutant les regrets personnels du poète — rejeté par le monde matérialiste, cherchant consolation dans la nature. La personnification donne à l'aigrette une nature propre, capable de dialoguer avec le poète. La phrase finale "intermédiaire entre l'eau et les nuages" (水云媒) est particulièrement évocatrice, dépeignant l'aigrette comme un lien entre le cœur humain et la nature, d'un realm vaste et profond.
Le langage du poème est clair et élégant, le realm sublime, manifestant le style unique de retraite et le charme poétique de Lu Guimeng.
Spécificités stylistiques
- Expression through les choses, symbolisme de noblesse
L'aigrette symbolise la noblesse personnelle par son image immaculée. L'interaction "me rejette" avec elle exprime l'humeur du poète, écarté du monde mais conservant sa fierté solitaire. - Personnification, pleine d'intérêt
L'aigrette se voit dotée d'une nature, capable de rejeter ou de servir d'intermédiaire, donnant aux paysages des traits humains, augmentant la vivacité et la tension lyrique du poème. - Brièveté comprehensive, réserve et profondeur
Quatre vers seulement condensent paysage, émotion et raison : scène de l'aigrette riveraine, sentiment de solitude autobiographique, implication philosophique de quête de noblesse. - Realm clair et lointain, ton élégant
Le poète utilise l'image "eau et nuages" pour étendre l'espace pictural, élargissant le realm poétique du réel à l'irréel, paraissant transcendant et libre.
Éclairages
L'échange entre l'homme et la nature n'est pas seulement observation, mais aussi refuge spirituel. À travers l'aigrette, le poète exprime sa situation solitaire et noble, ainsi que sa quête d'une vie pure. Aujourd'hui encore, cela nous rappelle de chercher une consolation spirituelle dans la nature et de maintenir un état d'esprit paisible et réservé. Même dans les troubles et le bruit, nous pouvons trouver notre propre refuge spirituel.
À propos du poète
Lu Guimeng (陆龟蒙 ?- c. 881 apr. J.-C.) , Écrivain et agronome de la fin de la dynastie Tang, originaire de Suzhou dans le Jiangsu. Après avoir échoué à l'examen impérial jinshi, il se retira à Puli (Songjiang) où il forma un célèbre duo littéraire avec Pi Rixiu, connu sous le nom de "Pi-Lu". Sa poésie, souvent satirique envers les réalités sociales, se caractérise par une clarté austère et une élégance sobre. Inscrit dans le Recueil des Talents Poétiques des Tang, Lu Xun qualifia ses essais de "lueur et tranchant au milieu d'un bourbier confus", faisant de lui une voix unique dans le paysage littéraire de la fin des Tang.