Le vent pourchasse la danse, faisant flotter les manches légères,
Transmet les chants et fait vibrer les poutres de la salle.
Il agite les branches, crée des ombres brouillées,
Souffle sur les fleurs, emporte au loin leur parfum.
Poème chinois
「奉和咏风应魏王教」
虞世南
逐舞飘轻袖,传歌共绕梁。
动枝生乱影,吹花送远香。
Explication du poème
"Chant du vent" (咏风) est un poème de Yu Shinan, l'une des "Quatre Éminences des débuts des Tang" (初唐四杰), réputé pour son style clair et élégant. Le prince Wei Li Ta composa un "Chant du vent" et ordonna aux courtisans d'y répondre ; Yu Shinan écrivit alors cette œuvre comme poème de circonstance. Le poème dépeint les manches dansantes, les chants, les ombres des branches et le parfum des fleurs portés par le "vent" qui souffle, évoquant à la fois l'éloge du vent naturel et l'atmosphère des banquets raffinés de la cour, incarnant les caractéristiques des poèmes de circonstance : un langage fastueux et un ton harmonieux.
Premier distique : « 逐舞飘轻袖,传歌共绕梁。 »
Zhú wǔ piāo qīng xiù, chuán gē gòng rǎo liáng.
"Poursuivant la danse, il fait flotter les manches légères ;
Portant les chants, il les fait errer ensemble autour des poutres."
Ici, le vent est personnifié : comme attiré par la danse, il suit son mouvement et porte les chants jusqu'aux poutres où ils résonnent longuement. Mouvement et son s'entrelacent, comme si l'on se trouvait dans un banquet raffiné de la cour, exprimant la légèreté et la vivacité du vent.
Second distique : « 动枝生乱影,吹花送远香。 »
Dòng zhī shēng luàn yǐng, chuī huā sòng yuǎn xiāng.
"Il agite les branches, créant des ombres mouvantes ;
Il souffle sur les fleurs, envoyant au loin leur parfum."
Le second distique se tourne vers les scènes naturelles : le vent peut créer des effets d'ombre et de lumière bariolés, et porter au loin le parfum des fleurs. La vision et l'odorat se combinent pour créer une atmosphère artistique multi-sensorielle, soulignant la force invisible mais omniprésente du vent.
Appréciation globale
À travers l'action du vent sur les manches dansantes, les chants, les ombres des branches et le parfum des fleurs, le poème dépeint une scène vivante de banquet raffiné à la cour et d'harmonie naturelle. Le poète excelle à combiner vision, audition et olfaction, créant un effet artistique de "synesthésie" qui donne au lecteur l'impression d'être sur place, voyant les manches flotter, entendant les chants résonner, sentant le parfum des fleurs. En tant que poème de circonstance, il montre à la fois les formes diverses du vent et transmet une atmosphère joyeuse et harmonieuse, répondant aux besoins esthétiques de la littérature de cour.
Caractéristiques stylistiques
- Syncrétisme sensoriel
Fusion de la vision (manches dansantes, ombres des branches), de l'audition (chants) et de l'odorat (parfum des fleurs), renforçant le pouvoir artistique. - Combinaison de mouvement et de calme
À la fois le mouvement flottant des manches et la résonance des chants, et l'agitation des ombres et l'envoi lointain du parfum, les strates sont distinctes. - Langage fastueux
Les poèmes de circonstance privilégient un langage exquis ; Yu Shinan construit une atmosphère élégante through des images raffinées. - Émotion dans le paysage
En surface, le vent est décrit, mais en réalité, il est utilisé pour渲染 les banquets et impliquer l'éloge de l'harmonie à la cour.
Éclairages
Ce poème montre le charme de la "synesthésie" et de la "description multidimensionnelle" dans l'art littéraire, et nous rappelle que pour exprimer les choses, on peut partir de multiples sens et angles pour créer une beauté globale. Simultanément, il reflète l'orientation esthétique de la littérature de cour, indiquant aux générations futures de prêter attention à la beauté de la forme tout en dotant le contenu d'une signification spirituelle.
À propos du poète
Yu Shinan (虞世南 558 - 638), originaire de Yuyao dans la province du Zhejiang, fut un éminent homme d’État, écrivain, calligraphe et politicien durant l’ère Zhenguan des débuts de la dynastie Tang. Il figurait parmi les « Vingt-Quatre Officiers Méritants du Pavillon Lingyan » et occupa le poste de Directeur de la Bibliothèque impériale. Sa calligraphie lui valut d’être compté parmi les « Quatre Grands Calligraphes des Débuts des Tang » aux côtés d’Ouyang Xun, de Chu Suiliang et de Xue Ji. Dans le domaine poétique, il perpétua la tradition de Xu Ling et initia un style courtois raffiné, équilibré et harmonieux. Il compila également les Extraits des Livres du Hall Nord(Beitang Shuchao), établissant un nouveau genre de littérature encyclopédique.