Départ Tôt de Lu Guimeng

zao xing · lu gui meng
Sur l’eau froide, ma solitaire rameuse touche aux textes célestes,  
Tel un radeau qui irait interroger les gués de la Voie lactée.

Même si l’azur infini offre une beauté sans limite,
Le nom d’« étoile invitée » attriste le voyageur.

Poème chinois

「早行」
水寒孤棹触天文,直似乘槎去问津。
纵使碧虚无限好,客星名字也愁人。

陆龟蒙

Explication du poème

Ce poème est un quatrain heptasyllabique composé par Lu Guimeng à la fin de la dynastie Tang.
Lu Guimeng vécut retiré à Fuli, près de Suzhou, se donnant le nom de "Disperseur des rivières et lacs". Témoin des troubles de la fin des Tang, de la corruption politique et des luttes factionnelles, il vit maints talents rester incompris. Bien que nourrissant des ambitions de sauver le monde, le poète, entravé dans sa carrière, ne put que se tourner vers les paysages. Ce poème fut écrit lors d'un départ matinal en bateau, le poète, contemplant l'immensité du fleuve et du ciel, y projetant la solitude du voyage et les regrets sur sa condition.

Premier distique : « 水寒孤棹触天文,直似乘槎去问津。 »
Shuǐ hán gū zhào chù tiān wén, zhí sì chéng chá qù wèn jīn.
"Sur l'eau froide, la rame solitaire touche aux configurations célestes ;
Tout comme monter un radeau pour aller s'enquérir du gué."

Ce distique décrit la scène nocturne sur le fleuve avec hyperbole. Les eaux vastes, la navigation comme dans la Voie lactée, "toucher aux configurations célestes" (触天文) rend vivante la solitude et l'atmosphère fantastique de la navigation nocturne. "Monter un radeau pour s'enquérir du gué" (乘槎去问津) puise dans la légende ancienne : quelqu'un franchit le fleuve sur un radeau jusqu'à la Voie lactée pour demander son chemin au Bouvier, symbolisant l'interrogation sur l'avenir dans l'errance solitaire. Le poète s'identifie à cette allusion, montrant à la fois une imagination merveilleuse et des sentiments d'errance sans ancrage.

Second distique : « 纵使碧虚无限好,客星名字也愁人。 »
Zòng shǐ bì xū wú xiàn hǎo, kè xīng míng zì yě chóu rén.
"Même si l'azur vide est infiniment beau,
Le nom d'étoile invitée attriste aussi."

Ce distique passe au lyrique. "Azur vide" (碧虚) désigne la voûte céleste, belle mais incapable de consoler l'âme errante. "Étoile invitée" (客星) est l'une des constellations anciennes, souvent interprétée comme présage de disaster ou symbole d'exil. Le poète s'y compare, suggérant sa condition d'errant sans soutien et de talent incompris. Entre les lignes perce le sentiment existentiel, dépeignant à la fois la beauté du ciel nocturne immense et exprimant une profonde mélancolie.

Lecture globale

Le poème utilise des images astronomiques du début à la fin, fusionnant habilement le voyage en bateau solitaire et les constellations célestes, créant un realm transcendant. Le poète décrit à la fois le paysage du voyage et exprime ses sentiments existentiels : d'un part, il s'émerveille de la beauté du ciel nocturne immense ; d'autre part, l'"étoile invitée" l'attriste. Le poème mêle paysage et émotion, réel et irréel, alliant couleur fantastique et saveur existentielle.

Lu Guimeng avait l'habitude de placer de grandes ambitions dans de menus détails ; ce poème, utilisant des images comme "rame solitaire", "configurations célestes", "étoile invitée", exprime la solitude du voyage et l'amertume du talent incompris, tout en révélant une réflexion philosophique sur l'univers et la vie.

Spécificités stylistiques

  • Réel et irréel s'engendrant, imagination fantastique
    "Toucher aux configurations célestes" et "monter un radeau s'enquérir du gué" sont des hyperboles virtuelles, fusionnant navigation et Voie lactée, pleines de romantisme, montrant l'usage flexible de l'imagination par les lettrés de la fin des Tang.
  • Allusions naturelles, signification profonde
    "Monter un radeau s'enquérir du gué" vient de la légende de la Voie lactée, "étoile invitée" de l'astronomie ancienne ; le poète s'y identifie, exprimant ses sentiments existentiels, sans raideur mais profondément significatif.
  • Émotion dans le paysage, fusion scène-sentiment
    En surface, description de la navigation nocturne et du ciel étoilé, en réalité expression de la mélancolie du voyage et de l'incompréhension du talent. Description du paysage et état d'âme se reflètent, renforçant le pouvoir affectif.
  • Langage condensé, realm sublime
    Vingt-huit caractères seulement couvrent navigation, ciel nocturne, constellations, condition existentielle, concis et complet, realm vaste, avec un effet artistique de "voir le grand dans le petit".
  • Ton froid et sévère, regret profond
    En surface, description de la beauté claire et vaste du paysage nocturne, intérieurement expression de l'errance et de la tristesse existentielles, ton froid et profond, incarnant la caractéristique de Lu Guimeng : "satire dans la clarté".

Éclairages

Ceci n'est pas qu'un petit poème de paysage voyageur, mais une œuvre de chant émotionnel au寓意 profonde. Il nous rappelle : le chemin de la vie est comme une navigation solitaire nocturne, en surface touchant aux étoiles, en réalité souvent empreint d'errance et d'instabilité. Même si le paysage extérieur est beau, il ne peut dissimuler la solitude et la mélancolie intérieures. Sa lecture permet non seulement de sentir l'immensité et la poésie de la nature, mais aussi de goûter le realm spirituel des anciens face à l'adversité.

À propos du poète

Lu Guimeng

Lu Guimeng (陆龟蒙 ?- c. 881 apr. J.-C.) , Écrivain et agronome de la fin de la dynastie Tang, originaire de Suzhou dans le Jiangsu. Après avoir échoué à l'examen impérial jinshi, il se retira à Puli (Songjiang) où il forma un célèbre duo littéraire avec Pi Rixiu, connu sous le nom de "Pi-Lu". Sa poésie, souvent satirique envers les réalités sociales, se caractérise par une clarté austère et une élégance sobre. Inscrit dans le Recueil des Talents Poétiques des Tang, Lu Xun qualifia ses essais de "lueur et tranchant au milieu d'un bourbier confus", faisant de lui une voix unique dans le paysage littéraire de la fin des Tang.

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