Veillée Solitaire I de Yang Wanli

chun ye gu zuo san shou i
Les enfants soufflent dans leur sommeil, ronflant lourdement,  
Dans la salle vide, qui tient compagnie au maître solitaire ?

Froid printanier, nuit silencieuse, la mèche de la lampe tombe,
Je compte les veilles jusqu’à l’aube, incapable de m’endormir.

Poème chinois

「春夜孤坐三首 · 其一」
儿女齁齁鼻息声,虚堂谁伴一先生。
春寒夜静灯花落,数尽残更睡不成。

杨万里

Explication du poème

Ce groupe de poèmes fut composé durant la retraite de Yang Wanli dans sa région natale. Au milieu de la dynastie des Song du Sud, les guerres fréquentes et l'instabilité politique contraignirent le poète à de multiples exils. De retour dans son village, il se tourna vers des thèmes d'introspection et de consolation. Ces vers naquirent de cet état d'esprit - assis seul dans le hall vide face à ses enfants endormis, le poète ne trouve nulle consolation, seulement le regret d'une carrière contrariée et la profonde sensation de la solitude humaine.

Premier distique : « 儿女齁齁鼻息声,虚堂谁伴一先生。 »
Ér nǚ hōu hōu bí xī shēng, xū táng shuí bàn yī xiān shēng.

"Les ronflements paisibles des enfants endormis ;
Dans la salle vide, qui accompagne le vieux maître solitaire ?"

Le calme des enfants contraste avec la solitude du poète. Bien que père de famille, il ne trouve aucun réconfort dans l'animation domestique, mais ressent au contraire une solitude et une mélancolie accrues.

Second distique : « 春寒夜静灯花落,数尽残更睡不成。 »
Chūn hán yè jìng dēng huā luò, shǔ jìn cán gēng shuì bù chéng.

"Froid printanier, nuit silencieuse, la mèche se consume ;
Veilles comptées jusqu'à l'aube - impossible de trouver le sommeil."

Le détail de la "mèche qui tombe" accentue le vide de la nuit silencieuse, soulignant les soucis et l'insomnie du poète. Le froid printanier persistant et l'absence de consolation intérieure rendent la veille solitaire particulièrement interminable.

Lecture globale

Ce poème dépeint la solitude et la mélancolie intérieure du poète à travers une scène de veille printanière. L'ouverture oppose les "ronflements d'enfants" à la "salle vide", esquissant la contradiction entre la chaleur tangible de la vie et l'isolement réel. Les détails vivants comme la "mèche qui tombe" et les "veilles comptées" capturent profondément la froideur de la nuit solitaire et les troubles de l'âme.

Le poème combine description quotidienne et réflexion profonde. Le sommeil des enfants et le foyer paisible devraient apporter du réconfort, mais le poète se sent sans confident, manifestant un isolement spirituel. La chute de la mèche et les veilles infinies exacerbent la souffrance d'être hanté par ses pensées et incapable de dormir. En surface, il décrit une nuit d'insomnie, mais sous-jacent se trouve un profond sentiment d'errance et d'impermanence existentielle.

Spécificités stylistiques

  • Détails porteurs d'émotion
    Les "ronflements", la "mèche qui tombe" et les "veilles" créent une atmosphère calme et solitaire, rendant l'émotion plus authentique.
  • Contrastes marqués
    Le sommeil des enfants contre la veille solitaire du poète, le calme extérieur contre l'agitation intérieure forment des contrastes saisissants qui accentuent la solitude.
  • Langage simple et naturel
    Des mots simples, presque conversationnels, mais d'une profondeur infinie, illustrant le style "profondeur dans la simplicité" de Yang Wanli.
  • Fusion situation-émotion
    Le froid nocturne, la mèche, les veilles sont des phénomènes externes mais reflètent l'état d'âme du poète, réalisant une haute intégration de la scène et de l'émotion.

Éclairages

Ce poème révèle que la compagnie familiale ne suffit pas nécessairement à dissiper la solitude intérieure. Le vrai réconfort vient de la résonance spirituelle et du soutien psychologique. À travers la description de la veille solitaire et de l'insomnie, le poète expose la mélancolie et l'angoisse inévitables de la vie. Pour les contemporains, il nous rappelle d'apprendre à faire face à la solitude, à la transformer en force de réflexion et de création.

À propos du poète

Yang Wanli

Yang Wanli (杨万里 1127 - 1206), originaire de Jishui dans le Jiangxi, fut un célèbre poète de la dynastie Song du Sud, considéré comme l'un des « Quatre Grands Maîtres de la Restauration » aux côtés de Lu You, Fan Chengda et You Mao. Il obtint le titre de jinshi en 1154 et accéda au poste d'Académicien du Pavillon Baomo. Se libérant des contraintes de l'École poétique du Jiangxi, il créa le style naturel et vivant du « Chengzhai », prônant l'apprentissage de la nature et l'utilisation d'un langage simple mais profond. Sa poésie, souvent inspirée par la vie quotidienne, influença profondément les écoles lyriques ultérieures, en particulier l'école Xingling (Esprit et Sensibilité).

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