Pavillon des Ondes après la Pluie​​ de Zeng Gong

yu hou huan bo ting ci yun si shou · ci wan de feng zi yun
Les poissons jouent parmi les feuilles de lotus,
La barque du bûcheron vogue au gré du vent.
La source limpide se divise en reflets fins —
Pourquoi chercher le reflet du lac du Sud ?

Poème chinois

「雨后环波亭次韵四首 · 次绾得风字韵」
荷芰东西鱼映叶,樵舟朝暮客乘风。
清泉雨后分毛发,何必南湖是镜中。

曾巩

Explication du poème

Ce poème de circonstance, écrit en réponse aux vers d'un ami sous la dynastie des Song du Nord, capture l'épiphanie d'un moment après l'averse dans un pavillon lacustre. Zeng Gong y déploie toute la finesse de son art paysager, transformant une simple scène aquatique en méditation sur la présence au monde.

Premier couplet : « 荷芰东西鱼映叶,樵舟朝暮客乘风。 »
Hé jì dōngxī yú yìng yè, qiáo zhōu zhāomù kè chéng fēng.
"Nénuphars et châtaignes d'eau - est et ouest - poissons miroitant sous les feuilles ; Bûcherons et pêcheurs - matin et soir - hôletes chevauchant la brise."

L'écriture en diptyque géographique (东西) et temporel (朝暮) structure un microcosme parfait. Les reflets piscicoles (鱼映叶) créent une ambiguïté délicieuse entre monde subaquatique et surface miroitante, tandis que "chevaucher la brise" (乘风) anthropomorphise l'élan vital des travailleurs lacustres.

Deuxième couplet : « 清泉雨后分毛发,何必南湖是镜中。 »
Qīng quán yǔ hòu fēn máofà, hébì nán hú shì jìng zhōng.
"Sources limpides après la pluie - où se distinguerait un cheveu ; Quel besoin du Lac Méridional et de son miroir légendaire ?"

La clarté aquatique (清泉) atteint ici une acuité presque microscopique (分毛发). La question rhétorique (何必) opère une révolution perceptive : le lointain célèbre (南湖 - lac mythique maintes fois chanté) cède devant l'immédiateté merveilleuse. Le "miroir" (镜) devient non plus objet de contemplation lointaine, mais qualité intrinsèque de l'ici-maintenant.

Lecture globale

Ce poème, d'une concision remarquable, dépeint avec vivacité un lac régénéré après la pluie, à la fois vibrant de vie et d'une clarté apaisante. Le premier distique, visuel, unit la beauté organique (végétation et faune) à l'animation humaine (barque en mouvement), créant un équilibre parfait entre dynamisme et quiétude. Le second distique bascule vers la réflexion : la comparaison "la source sépare [les reflets] comme des cheveux" (泉分毛发) révèle une pureté naturelle absolue, tandis que la négation du "lac méridional" (南湖) comme idéal invite à méditer sur le rapport entre état d'esprit et environnement.

Bien que composé en réponse à un autre poème, cette œuvre possède une autonomie esthétique. Sa brièveté masque une profondeur significative, témoignant autant de la maîtrise descriptive du poète que de sa philosophie épicurienne - sérénité dans la simplicité, contentement dans l'instant présent.

Spécificités stylistiques

  • Paysage microscopique, mouvement et immobilité intégrés :
    Les images de "nénuphars" (荷芰), "poissons miroitants" (鱼映), "barque glissante" (舟行) et "source cristalline" (泉清) construisent un écosystème poétique minutieux, vivant sans artifice.
  • Raison incarnée dans le paysage, économie linguistique :
    La pureté de la source devient métaphore de clarté mentale ; la question rhétorique finale exprime un idéal de simplicité taoïste (见素抱朴), rejetant les lointains exotiques.
  • Langage frais, élégance discrète :
    La syntaxe apparemment simple recèle des strates de sens, illustrant le style caractéristique de Zeng Gong : "noblesse tranquille éclairant la raison des choses".

Éclairages

Ce poème nous enseigne que la beauté et la paix n'exigent pas de quête lointaine - elles résident souvent dans ces moments "post-pluie" du quotidien. À travers des détails comme les feuilles de lotus ou la barque de pêche, le poète nous invite à ralentir, à observer les microcosmes naturels où se loge la sagesse. Cet état d'"œil contemplatif, cœur sans désir" (眼中有景,心中无欲) transcende l'esthétique pour devenir une éthique de vie - antidote précieux à notre ère d'hyperstimulation et de nomadisme permanent.

​À propos du poète​

Zeng Gong

Zeng Gong (曾巩 1019 - 1083), originaire de Nanfeng dans la province du Jiangxi, compte parmi les illustres "Huit Grands Maîtres de la Prose des Tang-Song". Ses écrits se distinguent par leur équilibre classique élégant, célébrés pour leur argumentation rigoureuse et leur artisanat littéraire raffiné. Alors que sa poésie embrassait une subtilité sans artifice, sa prose atteignit ce que les critiques ont qualifié de "quintessence de pureté" - un accomplissement qui, bien que peut-être moins éclatant que celui de ses contemporains comme Su Shi ou Wang Anshi, lui valut une révérence posthume en tant que maître fondateur de "l'École Littéraire Nanfeng".

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